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Enfin une bonne nuit de sommeil ! Il fait relativement froid à l’intérieur du truc, nos bouches crachent des nuages de fumée. Je sors prendre l’air au réveil, et j’aperçois, au dessus de la silhouette de l’île du Prince Edward, une lune rousse monstrueusement grande posée sur la ligne d’horizon. Le temps que je prenne l’appareil, plus de la moitié s’est déjà faite avaler.

 

Comme l’expliquera plus tard le speaker de CBC, la radio nationale canadienne, c’est la lune d’Octobre, appelée aussi “Haunted Moon”, “Beaver Moon” ou encore “Frozen Moon”. Pour résumer c’est la lune qui annonce l’hiver, l’arrivée du froid.

Le temps de tout ranger, le jour a entièrement pointé le bout de son nez, et c’est tout doucement que nous quittons notre petit nid douillet de Walkers Cove, pour remonter la route en direction de Judique.

L’habitude est désormais prise de trouver une station service ou un shop pour faire un refill (remplissage) de grande cup de coffee, histoire de s’assurer un peu de chaleur dans le gosier. 1$ par refill, ce n’est pas cher payé, le café n’est pas souvent de qualité, mais ça a le mérite de nous faire du bien.

 

Judique, son église, son panneau de bingo, son centre de Musique Celtique avec concert tous les dimanches, et son shop de dépanneur.

J’ai repéré en amont sur internet, le petit port de Little Judique Harbour, qui avait l’air complètement désolé, et paumé au milieu de nulle part. On se met en marche pour le trouver, ce qui nous prend plus d’une heure, à force de tourner, de tourner encore, de prendre des pistes, de faire demi tour, de se faire chahuter sur des routes de sables et de boues.

 

On suit toujours le chemin de rando qui remonte la côte du côté d’Inverness, et on fait un petit arrêt là où se trouve une stèle marquant l’arrivée des premiers colons avec pour leader un certain Michael MacDonald, héros de la région.

On n’a toujours pas trouvé Little Judique Harbour, mais nous voilà Maryville Wharf, un petit port au bout d’une route en cul de sac. Encore une fois, la même atmosphère désolée bien qu’un couple s’affaire à nettoyer un bateau. Ce n’est pas notre premier et tous ces petits ports sont tous fondés sur le même principe. Un quai de mise à l’eau, un entrepôt pour la réception et le stockage du poisson, et quelques rafiots, pour la plupart mis sur cale pour l’hiver. Ah, par contre ici, un grand lot de nasses à homards à vendre. Ca tombe bien, Cécile voulait en ramener. Mais bon, pas sûr que ça passe la douane à l’aéroport.

Après moult détours, nous tombons enfin sur Little Judique Harbour. Je dois l’admettre, je m’attendais à un ciel dégueulasse, gris argent, des nuages lourds, pour retranscrire et donner un côté dramatique à l’endroit. Au lieu de ça, un grand ciel bleu et des nuages qui jouent à cache-cache. La lumière change en un clin d’œil, en une prise de photo, fait ressortir les couleurs vives ou passées des bateaux. Ce n’est pas ce que j’avais en tête mais c’est déjà pas mal.

Je déambule au milieu des rafiots, les scrute, les décortique, admire le vieux bois craqué, les parties métalliques rouillées, je lis les noms, regarde où ils sont immatriculés, m’imagine la vie en mer et mille histoires associées. Little Judique Harbour me plaît.

Je dois bien l’admettre il m’est relativement difficile de m’arracher de ce petit port esseulé qui possède tout de même sa propre page Facebook. Je pourrais rester ici des heures, admirant la lumière qui vient frapper les coques, attendant que le temps passe au son du craquement du bois.

Après plusieurs minutes passées ici, on reprend la route direction Mabou, juste avant d’arriver en ville, on prend la tangente, et empruntons la piste qui descend jusqu’à Mabou Beach. Une longue plage de sable blanc plantée de “Marram Grass”, cette herbe qu’on prenait pour des poireaux.

Le vent souffle très fort, malgré un grand soleil et quelques nuages. Il fait froid, puisque le thermomètre de la voiture nous annonce 3°c depuis quelques kilomètres déjà. Donc autant vous dire qu’avec le vent, la température ressentie n’est pas très loin du 0°c.

 

De Mabou Beach convergent quelques randos. Je laisse Cécile se mettre au chaud, et me promène sur le début des Trails capturant les différents points de vue vers la mer.

Mabou Beach a des allures d’Ecosse et d’Islande. Ici, encore plus qu’ailleurs l’influence écossaise et l’impression d’être au beau milieu de Glencoe se fait ressentir. Que ce soit les panneaux doublés en gaélique, les publicités pour perpétuer la tradition des tartans, les noms sur les tombes ou les bagpipes posés en vitrine, on ne se croirait pas à des milliers de kilomètres de l’Europe.

Un peu rafraîchis, on décide de manger à Mabou, de manger chaud. On avait repéré le Red Shoes Pub, une des seules micro-brasseries de Cape Breton, mais comme tout, c’est fermé. On jette donc notre dévolu sur le Mull Café, la promesse de manger chaud.

 

On se jette littéralement sur notre repas, et sur les deux petites bières locales, et une fois rassasiés, la fatigue nous rappelle que nous sommes bien en road trip, que notre rythme de sommeil est complètement décalé et perturbé, et que ce n’est pas en voyage que nous trouvons du repos. On nous proposerait une sieste, là, tout de suite, qu’on ne serait pas contre !

 

Nous traversons la rue pour se faire un petit refill de café, choper un paquet de Twinkies (c’est mal !), et partons nous perdre du côté de Lake Ainslie. Le plus grand lac d’eau douce de Cape Breton – Le Bras d’or Lake a une ouverture sur la mer – est juste magnifique. La route serpente sur les rives du Lac, tantôt calme, tantôt moutonneux. On descend le chemin d’un camping, pour prendre l’air et admirer la vue. Pas de barrière au camping, on se dit qu’on y passerait bien la nuit, quand arrive une voiture. Le propriétaire commence à discuter avec nous, nous demande d’où nous venons, si on cherche à se poser, etc..

 

Il est prêt à nous laisser nous brancher pour la nuit, mais après 4 jours de sauvage, on cherche aussi une bonne douche pour se réchauffer et se nettoyer un peu plus en profondeur. On explique à Michael, que depuis ce matin, nous tentons de joindre les campings de Cape Breton censés être ouverts à cette période, mais sans succès. Fort de toute sa gentillesse canadienne, il passe quelques coups de fil pour nous, qui ne donnent rien. Il nous dit de quand même tenter d’aller voir directement et qu’au pire il peut nous donner un morceau de savon, et qu’il n’y a qu’à sauter dans le lac pour se laver.

 

C’est un peu con à dire, mais je pense que c’est le voyage où on aura le plus parlé avec les gens. Ici, tout le monde s’inquiète de savoir d’où vous venez, si vous avez besoin de quelque chose, etc.. On m’avait beaucoup parlé de la chaleur nord-américaine, je n’y croyais pas trop en tant que bon parisien des familles, mais c’est vraiment quelque chose de très appréciable.

On boucle la boucle du lac, faisons un arrêt dans la minuscule communauté de Scotsville, pour profiter de la vue, des couleurs d’automne qui se gorgent de soleil, et capturer cette atmosphère très cliché du Canada.

Nous nous mettons en recherche du camping de Lakes Cottages & Campground. On se paume – encore une fois – mais comme souvent en voyage, c’est un mal pour un bien, puisque nous empruntons une superbe route, faite de marais, de petites maisons cachées.

 

Que dire si ce n’est réutiliser les mêmes adjectifs que par le passé. Oui c’est beau, c’est tout ce que nous sommes venus chercher dans ce coin paumé du Canada.

Passé un certain temps, la fatigue me gagne, et je peine à avaler les derniers kilomètres jusqu’au camping, qu’on ne sait toujours pas s’il sera ouvert ou non. Et miracle, au détour d’un virage la pancarte nous accueille à bras ouvert, tout comme son panneau “Open”. Alléluia !

 

Nous prenons nos quartiers, discutons en anglais avec le réceptionniste qui nous explique avoir bossé toute la journée sur les chemins de randos, avoir descendu les motoneiges pour l’hiver qui arrive, jusqu’au moment où en lui disant d’où venons, Michel – c’est donc son nom – embraye en nous disant « ah mais je viens du Québec, on va parler français ! »

 

Michel nous promet un des plus beaux spots du camping, et il n’a pas menti. Nous sommes posés en contrebas, à une dizaine de mètres du O’law Lake. Sublime, un ponton de bois flotte au milieu, les immenses caravanes à l’année, ont les pieds dans l’eau, se sont aménagé des petits pontons pour pouvoir, l’été venu, sauter et barboter dans le lac.

 

Au-dessus de nous, les nuages se gorgent d’orange et de rose d’un coucher de soleil que nous ne pourrons que deviner car derrière ce sont les Three Sisters Moutains qui nous entourent.

Mon cœur saute de joie, quand je vois qu’à coté de notre emplacement se trouve un fire pit, un coin pour faire du feu. Ô joie ! Après une tentative infructueuse et un faux départ, nous nous faisons aider par un voisin venu vérifier son “trailer” avant l’hiver.

 

Ne se contentant pas uniquement de nous ramener des chutes de bois de construction, ils nous démarre le feu, revient avec des bouteilles fraîches de Budweiser, envoie son fils prendre des bûches dans le stock du voisin “On connaît tout le monde ici”.

 

On discute un peu, il repart, pour le remercier d’avoir amené les bières, on leur offre quelques chips et discutons un peu. Ayant éclusé sa bud’ à vitesse grand V, il revient, nous ramène encore plus de bois, encore plus de bières, une bougie parfumée, juste au cas où, juste pour qu’on soit bien. C’est déconcertant tant de bienveillance. Je passe la soirée à me demander comment on va pouvoir le remercier.

 

Le feu lancé à grandes flammes, nous décidons de griller nos dernières saucisses, et nos derniers pains à hot-dog, et improvisons une bouffe sur le pouce, où le pain léché par les flammes croustille. Nous restons absorbés par le feu, à écluser nos Budweiser fraiches, remontons de temps en temps pour recharger toutes nos batteries, tandis que la Lune sort de derrière les montages pour nous offrir un petit peu de lumière dans ce ciel magnifiquement étoilé.

Habituellement à cette heure ci, nous sommes déjà au lit, et notre corps ne manque pas de nous le rappeler. Nous remontons chauffer le truck, et tandis que j’écris, mes yeux se ferment et je tombe de fatigue. Moi qui comptais aller faire des photos d’étoiles, vais-je en trouver le courage.

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