finnmarkable_bannerday_7
Retour du Monde - FinnmarKable - Jour 1 Retour du Monde - FinnmarKable - Jour 2 Retour du Monde - FinnmarKable - Jour 3 Retour du Monde - FinnmarKable - Jour 4 Retour du Monde - FinnmarKable - Jour 5 Retour du Monde - FinnmarKable - Jour 6 Retour du Monde - FinnmarKable - Jour 7 Retour du Monde - FinnmarKable - Jour 8 Retour du Monde - FinnmarKable - Jour 9 Retour du Monde - FinnmarKable - Jour 10 Retour du Monde - FinnmarKable - Video Retour du Monde - FinnmarKable - Epilogue
Podcast de voyage

rdm---finnmarkable_day_7

S’il y a quelques jours de ça c’était notre étape la plus longue, aujourd’hui c’est l’exact opposé. Il s’agit de notre étape la plus courte de notre séjour. Comme dit en préambule, le trajet s’adapte aux hébergements et non l’inverse.

 

C’est donc à peine 80 kilomètres qui nous séparent Utsjoki depuis Polmak, autant dire pas grand chose, mais c’était ça ou speeder et se rajouter une grande étape, on a fait ce choix là. Du coup ce genre de journée est toujours difficile à caser et à remplir.

 

Nous prenons donc notre temps ce matin, et tandis que notre hôte Andreas aide des touristes suisses bloqués dans la neige avec leur voiture au bout du chemin, nous rangeons nos affaires afin de quitter Polmak.

 

Tandis qu’Andreas revient, nous prenons le temps de discuter avec lui – il est très bavard donc pas besoin de trop le forcer – de sa vie, de son histoire et comme en Islande nous lui demandons de nous citer à haute voix les noms des villes étapes que nous avons faites en norvégien et en sami du nord. Il est assez surpris de voir notre trajet, lui qui pensait que nous arrivions de Kirkenes.

 

Il nous parle de son passé de pêcheur, de ses études à Tromsø, du fait qu’il a été freelance pendant plus de 25 ans à NRK Sami en tant que journaliste et animateur bénévole. Il nous parle aussi de son passé de pêcheur, du King Crab.

 

Il est surtout très surpris que nous de simple français en sachions autant sur les samis et même les kvènes. Il faut dire que nous avions signé nos sms d’un Giidu, à savoir « merci » en same, ce qui n’a pas manqué de le faire tiquer.

 

L’heure passe et nous quittons Andreas à grand regret, content d’avoir rencontré une belle personne, puis reprenons la route en longeant la rivière Tana non sans avoir faire quelques courses dans le premier supermarché côté finlandais.

Ce côté là de la Tana semble beaucoup plus intéressant visuellement que la partie proche de son embouchure, les paysages y sont plus vallonnés, les routes bordées de sapins et de bouleaux et retrouvons alors les paysages finlandais que nous aimons tant.

 

En amont, près de notre hébergement, nous avions repéré une petite balade d’à peine 2km aller, Ellin Polku, censée mener à une petite kota au pied de la rivière Tana. On se dit que c’est une bonne idée, ça nous rappellera notre fameuse rando du côté de Enontekiö où nous avions rendu vert de jalousie des touristes allemands, puisque nous avions fait la montée, saucisses dans le sac à dos, prêtes à se faire griller dans le poêle mis à disposition.

Nous nous garons donc sur le bas côté, essayons de comprendre le plan, et nous voilà embarqués dans la balade, marchant sur les traces de moto-neiges, faisant attention à ne pas s’enfoncer sur les bas-côtés où la poudreuse semble lâche et relativement profonde à en croire les traces d’animaux à nos côtés.

Nous arrivons au promontoire dont nous avions vu la photo…en été… et là on ne sait plus trop par où il faut aller. Depuis le point of view, un escalier semble descendre mais inaccessible car pas déneiger. Nous voyons bien des traces de raquettes que nous tentons de suivre, sauf que voilà, je m’enfonce jusqu’au genoux et sommes, à regret et contrains de revenir en arrière.

Un peu dépité, on se voyait tellement griller nos sandwichs et nos saucisses, à la fraiche avec la Tana comme point de vue. Alors que nous rebroussons chemin, le soleil qui se cachait derrière un voile de nuage glacé, pointe le bout de son nez et rayonne avec force, donnant alors aux cristaux de poudreuse des allures de diamant.

Tout autour de nous des traces d’animaux difficilement identifiables pour les citadins que nous sommes, sans doute un peu de lapin et quelques élans aussi, mais malheureusement nous ne croisons personne même quand nous prenons le temps de rester statiques pendant plusieurs longues minutes.

Revenus à notre point de départ nous cassons la graine dans la voiture, une fois de plus, alors que le thermomètre semble s’être stabilisé autour de -15°c.

 

Nous décidons d’emprunter un petit bout de la route qui descend sur Ivalo afin d’emprunter l’une des uniques routes perpendiculaires qui figure sur notre carte. Manque de bol, la route n’est quasiment pas déneigée et la poudreuse me fait chasser les roues, juste ce qu’il faut pour nous alerter et nous enjoindre à faire demi tour dès que l’on pourra. Décidément cette journée est pleine de déconvenues.

 

Avant de retourner sur Utsjoki, nous faisons un petit crochet par l’église qui, depuis son promontoire surplombe la rivière Tana. Nous dérangeons un pilote de drone en plein tournage et faisons le tour de l’église fermée, comme très souvent.

Revenus au pont d’Utsjoki, nous nous posons à Giisá, un petit café qui fait office de boutique d’artisanat.

 

Posés au milieu de gens du crus nous dégustons chocolat chaud et Korvapuusti tout en feuilletant le canard local dont j’essaye vainement d’en décrypter les titres. On est bien, tranquilles, détendus dans ce petit endroit douillet. On n’a presque aucune envie de le quitter, mais on se fait la promesse d’y passer demain matin, sur la route de la prochaine étape, même si ça doit nous faire un détour.

Nous dépassons le pont frontière avec la Norvège – point le plus au nord de l’Union Européenne – et nous nous mettons en quête de notre hébergement.

À partir de là, nous voyons de magnifiques chalets, avec des petites terrasses cosy, des grands chalets avec des baies vitrées immenses, des chaises recouvertes de peaux de rennes pour prendre le café à la fraiche et une petite kota.

Sauf que voilà, comme souvent personne. On appelle le numéro qu’on a noté avant de partir, les trois qui sont sur le panneau d’entrée, personne ne répond. On rappelle, on essaye tout et comme souvent dans le nord de l’Europe, tous les chalets ont la clé sur la porte. Vu la température qui fait dehors, on en ouvre un pour se poser à l’intérieur, vérifier si on ne peut pas trouver d’autres numéros de téléphone.

 

Cécile appelle le numéro d’une entreprise d’activité de saumon, pour qu’il nous file un coup de main, puis ça donne rien. Enfin on reçoit un sms, avec le numéro de la fille du propriétaire qui elle nous re-balance un autre numéro pour appeler son père que nous tentons de joindre plus de 6 fois. Au bout d’un moment, sans trop savoir comment, on arrive à avoir quelqu’un, qui nous dit de nous installer dans le chalet numéro 5.

Dehors il neigeotte, dedans je commence à allumer un feu, quand soudain l’alarme incendie retentie. Panique, je jette de l’eau à la racine des buches, ça fume, beaucoup même et c’est alors que je comprends que les précédents locataires ont refermé la trappe qui permet l’évacuation de la fumée. Et dire que j’avais allumé mon feu à la locale, à l’ancienne, uniquement à l’écorce de bouleau

 

Le propriétaire pop soudain, paniqué il nous rallume un feu en vitesse, avec son anglais aussi bon que notre finnois, nous essayons tout de même de discuter un peu, nous expliquant que nous tombons juste car des touristes anglais sont venus faire une excursion les jours précédents, et d’autres arrivent après le week-end.

 

Une fois repartis, et après avoir écrit les lignes que vous êtes surement en train de lire, nous décidons d’utiliser la kota à bon escient et comme nous avons l’habitude de le faire quand nous en croisons une.

 

En deux coup de cuillères à pot, nous emballons des patates, sortons des saucisses, une canette de Lapin Kulta, prenons de quoi se rafraichir, s’essuyer et découper et nous voilà parti 50m plus loin dans la kota située au bout de l’allée.

 

Il ne faut pas longtemps pour que l’intérieur de la kota se réchauffe, en deux morceaux d’écorces de bouleaux et du bois sec et voilà les flammes qui illuminent l’intérieur de la kota.

La kota c’est tout un paradoxe, vous faites de la fumée, il y fait froid et pourtant il y fait chaud. C’est très con à expliquer comme ça mais je vous jure faut le vivre. De toutes les façons la kota, c’est la vie. Kota, bière, saucisse, voilà la sainte trinité finlandaise.

 

La braise aidant, nous laissons les patates de côté n’étant pas vraiment sûr de la finesse de la cuisson et nous nous rabattons sur les saucisses – dont la composition nous est bien incertaine – découpées sur du pain légèrement beurré qui a grillé tendrement au-dessus des flammes.

Nous dégustons ça, réchauffant nos vieux os, et bien que l’odeur du feu de bois commence légèrement à nous embrumer les poumons, nous nous délectons de ce moment, surtout quand au bout d’un moment en regardant le ciel, nous découvrons qu’une légère aurore est en train de se former.

Ni une, ni deux, nous emballons notre barda, rapatrions ça à notre hytte et prenons le dessert – consistant en une pomme et quelques Kanelipikkuleipiä – en tentant de les immortaliser.

Ce qui est frustrant, c’est qu’un énorme nuage reflète les lumières de Utsoki nous apportant une importante source de lumière, et même si de temps à autre, le W de Cassiopée et la Grande Ourse s’illumine entre deux troués de nuages, on est bien conscient de manquer le gros du spectacle.

 

On en vient à se demander si le gros du spectacle ne se déroule pas derrière la montagne qui nous fait face dont nous observons que les réminiscences des traces.

Néanmoins, ça ne nous empêche pas de profiter du spectacle quand de temps à autre, les lumières s’agitent dans un bordel qu’il nous a rarement été donné de voir. Ca part d’un côté, à des niveaux et des plans différents, sans réelles cohérences ni harmonie.

C’est, certes frustrant, parce que pas aussi discernable qu’on le souhaiterait, mais bon c’est un spectacle dont on ne se lasse jamais, et c’est aussi le jeu.

On ne peut pas être toujours au bon endroit, avec le bon premier plan, avec les bons nuages, la bonne luminosité, alors avec le temps et l’expérience on apprend à se délecter du plus petit des spectacles en oubliant parfois de déclencher l’appareil photo.

Pas de commentaires

Les commentaires ne sont pas disponibles sur cette page.