15 Oct Helsinki, la petite fille de la Baltique
Après avoir commencé à vous parler d’Helsinki en commençant par l’île de Suomenlinna, et comme parfois il est bon de tout faire dans le désordre, on va continuer de vous emmener avec nous dans la capitale de la Finlande, surnommée la petite fille de la Baltique. Enfilez les moufles parce que dehors ça caille !
Extérieur nuit. Aéroport d’Helsinki-Vantaa. 23h. Décembre 2010. Cette année plus que d’habitude l’hiver est précoce et assez rude. Une fois les portes automatiques de l’aéroport ouvertes, le vent glacial vient nous gifler et nous pose tout de suite les conditions nous permettant de nous dire « This is it. On est en Finlande ». Le siniristilippu, le drapeau finlandais se fait malmener par les assauts du vent. Mais on y est, me voilà de retour dans l’un des pays qui m’aura le plus marqué étant gamin. On grimpe dans le bus qui nous dépose dans le centre, la tête dans les vapes, l’esprit entre Paris et ici.
Après une petite demi-heure, le bus nous dépose au pied de la Helsingin päärautatiesema, la gare centrale, construction imposante dans le plus pur style romantique national. Protégée de chaque côté par ses géants de granite portant des globes. Point de convergence et de ralliement de la ville. Il fait nuit, il fait froid, pas de plan, juste quelques indications pour trouver l’hôtel. Après quelques tâtonnements on grimpe dans un tramway sur Aleksanterinkatu. Bringuebalés de droite à gauche à cause des rails gelés, sortis de notre fatigue par les grincements à chaque virage, on passe devant la Cathédrale blanche d’Helsinki, symbole de la ville. Ses marches sont recouvertes de neige et se confondent avec le bâtiment lui même.
Le tramway aborde un énième virage et nous laisse voir l’impressionnante cathédrale Uspenski, posée sur son rocher, comme un phare, protégeant la presqu’île de Katajanokka. Encore quelques virages, une petite côte, et le tramway nous lâche devant un immense mur de brique, une forteresse. Normal, ce sont les murs d’une ancienne prison. Et c’est là qu’on va dormir pendant 4 nuits. La prison est devenue hôtel.
Le ventre vide, on prend possession de notre cellule, enfin de notre chambre douillette, pleine de confort, bien loin du minimalisme d’une cellule. Nous sommes donc à Katajanokka. Presqu’île résidentielle un peu chic, coincée entre un petit port de quelques petits voiliers, et le départ des énormes ferries en direction de la Suède, des iles d’Åland ou de l’Estonie. Petit havre de paix, avec des maisons à l’architecture moderniste, romantique national ou encore art nouveau. On s’y baladera un soir, de retour de soirée, bercés par le silence d’une ville du Nord où les sons, bien que peu présents, se font étouffer par l’épaisse couche de neige. On y croisera un petit casino, des annexes d’un quelconque ministère, et on s’émerveillera pour la première fois de la lumière jaune orange, si particulière des villes froides.
On s’endort après avoir réussi notre mission « dîner », consistant à arpenter la ville vers son centre, trouver le seul vendeur ambulant ouvert que ne nous reverrons jamais des 5 jours, à croire qu’il nous attendait. On a alors avalé un hot-dog bouillant, avec nos doigts frigorifiés et puis on a fait le chemin en sens inverse, l’estomac plein mais les jambes lourdes.
Helsinki, nous l’avons abordée, comme on aborde chaque ville, chaque lieu, sans trop savoir comment. Déambulant jusqu’à se perdre. Se perdre jusqu’à retrouver un signe, un bâtiment, et retomber sur ses pas. Se perdre ainsi nous aura permis de voir aussi bien les lieux à voir, que les endroits où personne ne s’aventure.
Le lendemain, -4°c. Nos pas nous font refaire le chemin du tramway en sens inverse, et nous amenant face au petit port, juste en face de la mairie. On y croisera le Père Noël avec son traîneau à quatre roues flambant neuf accompagné de ses assistantes plutôt sexy, le tout sous les yeux des parents trimballant leurs gamins sur des luges.
On est retombés face à la gare, qui fait toujours autant sa petite impression. On retrouve le balai incessant de voyageurs sur le départ ou sur le retour, propre à chaque grande gare. Son flot continu, et son fameux voyageur esseulé du quai 8-7, le regard perdu face à l’immensité blanche qui s’ouvre à lui. Une de mes photos préférés d’Helsinki, et sans le savoir un an plus tard, on se retrouvera à courir sur le même quai pour choper le train ici même à 5h30 du matin, les yeux gonflés de fatigue, en direction de Rovaniemi.
On a continué comme ça au hasard des rues et des ruelles, nous imprégnant d’images. Les congères immenses ne laissant dépasser qu’une poignée de vélos. Le balai des minis chasse-neige, les bancs recouverts d’un drap blanc épais presque parfait. Ces balades nous feront aussi comprendre qu’ici, malgré la nuit et le peu de luminosité, la vie continue. Ici derrière les portes d’une église, là-bas aux fenêtres où à chacune des ces dernières on trouve un bougeoir, montrant ainsi que malgré cette bizarrerie climatique pour nous français, la vie continue.
On est passés, puis on est rentrés dans Vanha Kauppahali le vieux marché couvert à l’architecture magnifique, où dégueulent les étalages de fromages, salami de rennes et autres saucissons d’ours.
On a aussi gravi des rues grimpantes qui n’ont rien à envier à Montmartre, où un vieux monsieur déblayait son balcon à coups de grandes pelletées de neige. Ici pas de balai ou de camion benne pour déblayer la neige comme sur Esplanadin puisto, la grande artère d’Helsinki. Non. Des gros tas de neige qui font ressembler les voitures à des monstres aux formes mystiques. On a continué de gravir la côte, puis on a vu apparaître une cheminée de ferry, signe qu’on était arrivés au sommet de Tähtitorninmäki, la colline de l’observatoire, avec au loin, encore et toujours la Cathédrale blanche d’Helsinki aspirant les couleurs du soleil couchant.
Redescendus de la colline, on est partis en direction d’un but cette fois ci, la Temppeliaukion Kirkko, l’église enterrée. Sur le chemin, le soleil s’est couché, et de manière presque indécente, nous a balancé tout ce qu’il avait en réserve de dégradés de rose et de violet. Scotchant sur place les habitants de la ville et nous par la même occasion. L’église de Temppeliaukio, étrangeté architecturale, est creusée dans un rocher. Ce qui frappe lorsqu’on y pénètre, en plus de ses murs en roche brute, c’est son immense dôme en cuivre, et les lamelles en dessous de ce dernier qui donne au lieu une ambiance et une lumière si particulière. Cette originalité architecturale, en fait un lieu prisé pour les concerts, tant son acoustique y est parfaite.
Bref, ce n’est vraiment pas facile de mettre des mots sur les émotions et les sentiments que nous ont laissé cette ville. On est passés devant le Finlandia Hall d’Alvar Aalto, on s’est retrouvés au milieu de la célébration de la Sainte Lucie, (fête importante pour les pays du Nord, qui marque le début de la saison de Noël. C’est aussi, peut être parce que elle est appelée la fête des lumières qu’elle est tant importante pour les peuples du Nord.), l’enregistrement d’une émission de radio de Radio Helsinki, dans les bureaux quasiment vides de la tour des médias d’Helsinki, mais ça c’est presque une autre histoire.
Il faut qu’on vous parle de l’ambiance que nous a laissé le magasin Stockmann -sorte de Harrod’s local-, le soir, à l’approche des fêtes, paré de ses plus belles guirlandes, de quoi faire retomber en enfance n’importe quel adulte bien dans ses bottes. Véritable institution, caverne d’Ali Baba du décorateur en herbe, c’est l’endroit à voir pour dénicher telle ou telle décoration de Noël de dernière minute.
Dire qu’Helsinki en hiver nous a charmé est un euphémisme. On ne vous dira pas que c’est la plus belle des capitales du Nord de l’Europe car on manque de comparaison, mais cette ville nous a assurément marqué. On s’y est plu. A taille humaine, il y est facile d’y déambuler, de s’y perdre tout en voyant ce qu’il y a à voir. Tant on s’y sent bien que quand nous y sommes brièvement passés à notre retour de Laponie, on a réussi à retrouver notre chemin de manière naturelle, comme si nous habitions la ville depuis des années.
Riche culturellement, Helsinki est une ville dynamique, qui se fout totalement que l’hiver soit froid, ou qu’il y fasse nuit, c’est une ville qui avance, et qui a beaucoup à offrir. C’est sûr, nous retournerons voir la petite fille de la Baltique, peut être à une autre saison, mais c’est sans doute quand elle revêt son blanc manteau d’hermine qu’elle est la plus belle.
kaki
Posted at 09:10h, 15 octobreChouette balade, merci 😉
kaki Articles récents..Résultat concours Oléo Color de Keranove…
satu
Posted at 09:24h, 15 octobreJe suis aussi passée à Helsinki en décembre 2010… que de nostalgie et de chouettes souvenirs qui me remontent ce matin ! Merci pour la ballade.
Laponico
Posted at 11:48h, 15 octobreJ’y suis passé en 2009 je crois, mais je n’ai pas apprécié plus que ça…et j’ai vraiment l’impression d’avoir raté quelque chose…
retourdumonde
Posted at 22:49h, 15 octobreBon on le sait maintenant que tu es plus Suède que Finlande, chacun son pays dans la #TeamGivrés. 😉 Mais bon tu y retourneras !
Cécile
Posted at 12:35h, 15 octobreMA-GNI-FIQUE ! J’ai visité rapidement Helsinki en plein été, c’est totalement différent. Ces photos me donnent envie d’y retourner, c’est superbe avec la neige.
retourdumonde
Posted at 22:50h, 15 octobreMerci Cécile ! Il nous manque justement cette vision de la ville en été, du coup à ton tour de faire un article en été pour que nous aussi ça nous donne envie d’y retourner en été !
Capucine
Posted at 12:58h, 15 octobreCoucou !
Ça doit être féerique en plein mois de décembre … Je suis allée en Suède et en Norvège en hiver aussi, il me manque la Finlande … à suivre 😉
Capucine
retourdumonde
Posted at 22:51h, 15 octobrePour nous, dans les pays du Nord, ça reste notre pays de coeur 😉 N’hésitez pas si vous voulez des infos.
Laurence - Le fil de Lau
Posted at 13:06h, 15 octobreC’est un joli récit, et les photos sous la neige de nuit sont chouette.
Une ville que j’ai toujours voulu découvrir, mais à chaque fois que j’ai voulu m’y rendre, quelque chose m’en a empêchée !
Melody
Posted at 13:10h, 15 octobreSuper photos! Tu as goûté le salami à l’ours??? lol
Melody x
retourdumonde
Posted at 22:52h, 15 octobreAlors oui, j’ai gouté la saucisse d’Ours à Tallinn en Estonie et franchement c’est pas mauvais !
LadyMilonguera
Posted at 17:19h, 15 octobreCes photos sous la neige me ravissent au plus haut point… 😀
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Faby
Posted at 17:44h, 15 octobreLes photos sont magnifiques et donnent envie de se jeter a corps perdu dans la neige 🙂
Et ce coucher de soleil, dingue !! Merci pour la ballade ! En esperant que j’aurai bientot l’occasion d’aller visiter ces pays nordiques qui m’attirent tant 😉
http://jaiecrit.wordpress.com
Curiosités à NY
Posted at 22:32h, 15 octobreTes photos me donnent envie de neige!!!
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Détour Local
Posted at 01:13h, 16 octobreMagnifique, la ville sous la neige à l’air d’être au repos. Je vous image marcher avec le bruit mou de vos pas qui s’enfoncent dans la neige. On se sent en décembre et encore plus avec le père Noël. Merci pour la visite.
Laurent
Posted at 22:20h, 16 octobreAh c’est magique la neige. Tout devient plus doit, aussi bien à l’oeil qu’à l’oreille sous ce manteau de neige. Ne restent plus que les craquements sous nos pieds quand on marche.
J’aime beaucoup la photo de la gare en noir et blanc. Elle rend bien cette impression d’univers feutré.
J’ai bien suivi les recommandations, j’ai mis mes moufles, mais pour les commentaires, c’est mort, mes doigts bleuissent. Mais j’attends avec impatience l’article suivant qui devrait être (teaser), « T’es parti en week-end en hivers à Helsinki avec ta voiture, comment fais-tu pour la retrouver sous 1 m de neige » 😉
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christiane
Posted at 16:41h, 18 octobreon a beau connaitre l endroit ,ca fait rever et donne envie d y retourner……………en hiver!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Anne LANDOIS-FAVRET
Posted at 18:38h, 19 octobreBonjour, je découvre le blog ! J’ai beaucoup aimé cet article qui montre une autre facette d’Helsinki que je ne connais pas. J’y suis allée à l’été 2015, c’est complètement différent, car il faisait d’ailleurs bien chaud (vague de chaleur en juillet sur l’Europe), il faisait 30 °C. Mais j’y retrouve les même sensations, une ville à taille humaine, pas trop surchargé de monde, une facilité de déplacement. On a été dépaysés car le soleil ne se couche pas très longtemps en été. A minuit, c’est comme un 21h en France en été et se faire réveiller par un rayon de soleil sur le pied à 4 heures du mat’, ça n’a pas de prix ! 🙂
Si vous souhaitez avoir la version été, je vous invite à vous rendre sur mon blog :
http://www.bigorno-portfolio.net/helsinki-partie-1/
http://www.bigorno-portfolio.net/helsinki-partie-2/
http://www.bigorno-portfolio.net/helsinki-partie-3/
Et d’autres articles sur les îles alentours et d’autres villes comme Turku et Tempere.
Je m’en vais de ce pas lire d’autres articles sur votre fort sympathique blog ! 😉