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Le jour se lève sur le port de Portmagee, bien que les bateaux soient encore dans une semi pénombre, au loin sur la droite, on distingue rapidement le soleil pointer entre deux montagnes. Dehors il bruine très légèrement, mais impossible de savoir si ça va se maintenir.

 

La vue sur le port au petit matin est magnifique, pas de pêcheurs qui s’activent, mais juste les bateaux qui roulent au rythme du courant.

Après un copieux petit déjeuner irlandais typique accompagné de black et de white pudding (respectivement du boudin noir et du boudin blanc qui n’a rien à voir avec le nôtre), on s’arrache difficilement du cocon qu’est le Moorings pour reprendre la route.

Je reste un peu sur ma faim d’hier, vis à vis des paysages de Valentia, alors on se met au défi de trouver le phare que nous avons sans doute loupé la veille.

 

Après quelques marches arrière, et de routes loupées, on trouve une route qui d’abord nous mène au pied de la station météo de l’île, qu’il n’est apparemment pas possible de visiter. Au loin on aperçoit le phare en question, mais aussi les falaises abruptes de Doulus Head et le morceau de terre chauve de Beginish Island. Même à cette distance on distingue bien les vagues venir se fracasser sur les falaises d’un noir charbonneux. La houle est de plus en plus forte, la pluie semble suivre le même chemin, néanmoins le spectacle est assez impressionnant.

On continue la route, on s’attaque à une pente à 15% en épingle qui augure du bon pour la remontée, et on suit la route qui longe la mer. Les vagues viennent s’écraser sur les rochers avec une force impressionnante. On profite d’une accalmie pour faire les derniers mètres, et mettre la voiture à l’abri.

 

Pendant plus d’un quart d’heure on observera les vagues se briser, les rouleaux d’un bleu turquoise se former juste avant de s’abattre dans une multitude d’embruns. Le spectacle donne lieu à des images assez impressionnantes.

Pour ce qui est du phare, le plus à l’ouest de l’Europe, celui-ci est fermé à partir de septembre, aucune chance donc de pouvoir le visiter, ou même de s’approcher encore plus de la pointe.

On quitte Valentia, pour reprendre la route qui longe la Saint Finan’s Bay, malheureusement la vue est bouchée, on tente tout de même le coup en prenant la route en cul-de-sac (en français dans le texte) qui nous permet d’apercevoir au loin Puffin Island et qui mène à Bolus Head.

 

La route se transforme alors en chemin de randonnée, qu’on aurait tenté avec plaisir, mais dehors le temps se dégrade salement, et ce serait relativement dangereux et inconscient de s’y risquer. On passe tout de même à proximité du monument, rappelant l’accident que subit un équipage de G.I. américains durant la seconde guerre mondiale, écrasant leurs avions sur Skellig Michael, la plus grande des îles Skellig. A ce propos, nous ne les apercevront jamais, et pourtant elles n’ont de cesse de nous intriguer, je pense que ce sera l’un de nos plus grands regrets de ce voyage.

Marche arrière, retour sur la route, à Ballinskelligs, on s’arrête sur la plage, d’où l’on aperçoit les ruines d’un château et celles d’une abbaye.

Cette abbaye datant du 12ème, puis du 15ème siècle, a été fondée par les moines de Skellig, lorsque ces derniers abandonnèrent leurs monastères sur le piton rocheux suite à une uniformisation de la religion catholique.

Désormais on ne peut voir qu’un seul bâtiment, sans doute un bâtiment domestique autour du cloître. Dans le cimetière, de nombreuses croix celtes en guise de tombes, certaines sont même relativement récentes. Le cimetière est quant à lui face à la mer et aux assauts du vent.

 

Le vent souffle toujours autant, la pluie est incessante et persistante, au point qu’il en devient très difficile de faire des photos sans en consteller l’objectif d’une multitude de gouttes arrivées en moins deux par un coup de vent ravageur. C’est assez rageant et frustrant de ne pas pouvoir immortaliser certains paysages. Je relativise en me disant qu’au moins ça fait travailler la rapidité de la prise de vue.

Mais le voyage continue, en s’enfonçant dans un brouillard si épais, que parfois la visibilité ne dépasse pas 4 ou 5 mètres. Néanmoins on arrive tout de même à Waterville, ville balnéaire, sans âme, qui pourrait aussi bien se situer en Normandie, en Belgique ou en Angleterre.

 

Point de passage obligé de nombreux cars de touristes, c’est la ville que choisit Charlie Chaplin comme lieu de villégiature. Sur la longue artère principale, dos à la mer, une statue rappelle sa présence. Juste à côté du parc Mick O’Dwyer, légende vivante de football gaélique, à la liste de récompenses longue comme deux bras plus une jambe, originaire de Waterville.

Aujourd’hui encore de nombreuses stars de Tiger Wood en passant par Michael Douglas, viennent y profiter de l’air marin mais aussi taper dans une balle de golf.

 

Partout dans la ville on croise des signes rappelant la présence de Chaplin, un musée dont on cherche encore l’entrée, des pochoirs, ou même des dessins sur les murs. Sous le regard d’un homard géant en plastique, on se met en quête de trouver un coin pour manger.

n trouve une place face à la mer, pour y préparer les sandwichs à l’abri de la pluie. Le pare brise se constelle de gouttes, la pluie continue de tomber, pendant que Cécile prépare le déjeuner sous le regard concentré de Monsieur Fromage, Glenlàra.

J’avale mon dessert sous la pluie, et me balade un peu pour profiter de la vue, m’imprégner de la ville, de son garage abandonné cherchant un futur propriétaire, m’imaginant la vie dans cette maison dont le blanc sied à l’aplomb de la falaise.

Le dessert avalé, on s’attaque au Coomakesta Pass, un col qui, en temps normal, possède une très belle vue sur la baie, Scariff Islands et les autres petits morceaux de rochers qui parsèment la Ballinskelligs Bay. Malheureusement, le temps ne s’améliore pas et on pourrait même dire qu’il empire, si tant est que ce soit possible.

 

On tente quand même d’aller faire un tour du côté de Derrynane House, et de la Derrynane Beach, considérée comme l’une des plus belles plages de la région. Dans l’eau un surfeur brave les multiples panneaux indiquant des courants dangereux. Les cailloux noirs, striés, s’enfonçant dans le sable et créant un relief sont magnifiques.

Malheureusement là encore, il devient très vite difficile, voir quasi impossible de faire des photos. Le vent charriant des attaques de gouttelettes, l’appareil ruisselle, l’objectif dégouline. Je m’énerve, fatigué de ce temps, qui nous prive de la plus belle partie du voyage.

 

Autant le vent, le froid, même l’humidité ne me dérangent pas plus que ça, mais contre la pluie impossible de faire quoi que ce soit.

On décide de tenter tout même d’aller voir Staigue Fort, l’un des forts les mieux conservés du pays, datant de 100 avant Jésus Christ, c’est sans doute l’enceinte de protection de l’habitation d’un propriétaire terrien. Il pleut tellement que le petit pont menant au terrain, et sous lequel coule habituellement une paisible rivière, est littéralement inondé par 40 cm d’eau. On fait tout de même un rapide tour du fort, regrettant vraiment cette pluie, car aux alentours le paysage est magnifique et aurait été propice à une chouette balade dans les tourbières pourpres.

 

Retour en sens inverse, sur une route étroite, on récupère la grande route qui devient peu à peu moins sauvage et moins escarpée. Il faut dire que là, l’étroitesse des routes de la côte ouest de la péninsule d’Iveragh nous rappellent les hauteurs du Pays basque. Désormais la pluie est tellement forte et continue que chaque crevasse sur la route, à chaque cuvette à la fin d’une descente et au début d’une montée, l’eau s’accumule de plusieurs centimètres. En voiture, malgré une visite oscillant entre 40 et 60 km/h, ce sont des gerbes d’eau, un ralentissement soudain et brusque qui sont au rendez-vous. Parfois il est difficile d’apercevoir les flaques, la voiture est littéralement freinée par la masse d’eau que l’on déplace, et ce sur plusieurs kilomètres.

 

Fatigués, dépités, on se remet en route en passant par Sneem. Lieu de vacances du Général De Gaulle, après avoir quitté le pouvoir. Tout le monde a en tête le Général, marchant sur la plage accompagné d’ Yvonne et de deux gardes du corps. Le village est mignon, les maisons sont toutes colorées, donnant un peu de vie à la rue sous cette grisaille.

On craque, on a besoin de se requinquer, pour ça on se dirige dans la seule petite pâtisserie de la ville, qui fait aussi boucher, restaurant, café, et supermarché. Deux chocolats chauds, accompagnés d’un muffin et d’une tarte aux pommes. Ca fait du bien, et ça nous remet d’aplomb, du moins pour quelques minutes seulement.

C’est le moment où l’on hésite. On se demande si on fait un détour par Ballaghbeam Gap, qui semble un très beau point de vue, un peu plus haut dans les montagnes de Macgillycuddy’s Reeks. Mais la nuit tombe, le ciel est archi bouché, alors on met le cap directement sur Kenmare, notre étape de ce soir.

 

Avant ça, tout téméraires et entêtés que nous sommes, on fait encore un énième détour dans la ville pour prendre l’air face au minuscule petit port bordé de petites maisonnettes toutes plus mignonnes les unes que les autres. Le brouillard s’est très fortement épaissi, et avec les lumières de la route, le port a des allures fantômatiques. Les couleurs magnifiques associées à la lumière brumeuse me font penser à certaines photos du photographe Mikko Largerstedt. Atmosphère cotonneuse, comme enveloppée d’une bulle de silence.

Au moment où je vais pour retourner le trépied et prendre en photo les maisons, celui-ci se desserre, ce qui donnera une photo plutôt…artistique qu’on décide de garder. Le calme est planant, la seule personne qui était dans le coin est parti, on a beaucoup de mal décoller de cet endroit, mais l’humidité a raison de nous.

On s’arrache du paysage, direction le B’n’B, duquel on ressort très vite pour partir à la recherche d’un coin pour dîner. On jette notre dévolu sur le N°35, magnifique petit restaurant à l’ambiance chaleureuse et agréable et où mes yeux s’arrêtent dans le menu sur un Irish Stew que je rêvais de déguster. Je ne suis pas déçu. Cécile part sur un hamburger 100% maison, avec un steak de bœuf de la région.

On termine le repas rassasiés, après cette journée éreintante, nous sommes sur les rotules. Peut être aussi que la perspective de la fin du voyage a joué sur notre moral. Pour demain, on espère que le temps sera un peu meilleur, histoire d’en profiter à fond pour notre dernier jour sur l’anneau du Kerry.

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