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Encore une fois, nous sommes réveillés plus tôt que le réveil. Dehors le jour se lève à peine, et nous prenons notre petit déjeuner face à un soleil naissant, et à notre 8ème arc-en-ciel au dessus de la péninsule du Dingle qui nous fait face.

 

Affaires rangées, sac paré, appareil photo rechargé, on se remet en route, en commençant par un petit détour via Kells Beach. On a beau y être passés hier soir, forcément de jour, on découvre un nouveau paysage. La route serpente jusqu’à la petite plage coincée entre les rochers et un petit camping.

Encore une fois on prend le temps, le vent nous fouette le visage, nous revigore. Le ciel bleu, et les nuages s’étirent, pendant que nous admirons le paysage qui reflète les rayons du soleil sur le ciment mouillé du ponton.

Aujourd’hui nous avons le temps pour prendre notre temps, alors on se met à couper par des petites routes sans trop savoir où elles vont nous mener. Sur le plan que nous a remis notre hôte de la veille, on repère une curiosité qui semble être un cimetière ou une église du côté de la montagne Cnoc ad dTobar, on décide de pousser voir ce qu’il en retourne.

 

Dehors le temps semble tourner au gris, les petites routes s’enchaînent, s’entrecroisent, à chaque carrefour c’est un coup de poker pour savoir quelle direction emprunter, mais je fais confiance au pif de Cécile qui finit par nous mener au bout de la crique.

Un petit port, quelques maisons, des nasses, des bateaux en cale sèche nous y attendent, mais rien de plus. Le coin est littéralement paumé, nous sommes seuls, hormis deux chats qui nous regardent d’un air ahuri sur le pas de la porte. Paumé mais assez magique, après tout c’est un peu pour se genre de coin qu’on se balade, et qu’on aime se perdre.

Autour de nous, on cherche à comprendre ce qui figure sur la carte, on regarde sur la montagne, la fameuse Cnoc ad dTobar (ou Knocknadobar en anglais). Mais on ne discerne rien de particulier, pas d’église, pas de croix, rien. Si ce ne sont les délimitations des champs qui grimpent sur la colline d’un noir charbon, parsemées de taches vertes.

A nos pieds, les falaises recouvertes de mousses vertes, blanches, marrons viennent mourir dans une mer agitée.

 

Le coin donne vraiment une sensation de bout du monde, on ne croise personne, pas une seule voiture, pas âme qui vive, à part une mouette qui, perchée sur un lampadaire, nous regarde avec défi. On repart encore plus intrigués qu’à l’arrivée, avec même une petite pointe de déception.

Nous voilà de nouveau sur la route principale, et alors qu’on s’arrête pour vérifier le chemin, je jette un œil en arrière sur Cnoc ad dTobar et j’aperçois en haut une sorte de forme. Je monte alors le téléobjectif et jette un œil. C’est bien ça, tout en haut de la montagne, se trouve une croix, voilà ce qui était indiqué sur la carte.

 

Mais quand on regarde, le dévers de la montagne, on se dit que la montée jusqu’en haut ne doit certainement pas être réservée à tout le monde. Alors que des nuages menaçant commencent à envelopper les montagnes environnantes, nous avalons les kilomètres jusqu’à l’un des points que nous avions noté avant de partir : Ballycarbery Castle.

Vous en expliquer l’histoire serait assez compliqué, d’ailleurs nous même ne sommes pas vraiment sûr d’avoir tout compris tant le château est passé de familles en familles depuis sa construction.

 

Malheureusement la ruine du 15ème siècle n’est pas visitable l’hiver, et impossible de s’en approcher sans enjamber les barrières. Alors on tourne autour de la ruine qui, sous un ciel des plus gris, nous donne une impression assez mystique. Depuis l’Ecosse, à chaque ruine de château que je vois, je ne peux m’empêcher de m’imaginer ces lieux habités, en parfait état, la vie qui se déroulait à l’époque, les querelles des territoires

Dehors la pluie tombe de plus en plus, et autant mettre fin au suspens toute de suite, ce sera comme ça toute la journée et n’ira pas en s’arrangeant.

 

A côté de Ballycarbery Castle se trouvent deux ruines de forts datant du 10ème siècle, Cahergal Fort et Leacanabuaile Fort. Le premier est lui aussi inaccessible, pourtant c’est celui en meilleur état, sans cesse rénové, et d’ailleurs nous verrons des échafaudages tout autour. On tente le chemin qui monte jusqu’au second, à pieds, sous la pluie de plus en plus glaçante. Le fort est perché sur un petit promontoire de pierre au beau milieu d’un champ de moutons. Ces derniers nous regardent d’un air hagard lorsque nous poussons la porte pour pénétrer dans le champ.

On grimpe la petite montée sur un sol qui ressemble à une éponge, nous chaussures s’enfoncent d’un bon centimètre dans un mélange de boue, de déjections de moutons et d’eau. Chaque pas nous donne droit à de magnifiques bruits de succion. Alors qu’on grimpe, on se dit que la descente risque d’être épique.

 

En haut de la colline, on a une vue dégagée sur le coin, avec au loin la silhouette du Ballycarbery Castle qui se découpe.

 

On déchiffre le plan, on essaye de comprendre quelle pouvait être la vie au 9ème siècle dans ce genre de construction, et on s’étonne des chambres souterraines installées dans l’épaisseur du mur d’enceinte de plus de 4 mètres.

 

Je tente quelques photos malgré la pluie, mais rapidement l’objectif est constellé de gouttes, je remballe vite fait le matériel, et on attaque la descente. Et arriva ce qui devait arriver, alors que j’esquive deux chutes consécutives, Cécile, elle n’y coupe pas, le temps de me retourner et je la retrouve les quatre fers en l’air, le cul dans la boue, le pantalon détrempé.

A la voiture, on tente tant bien que mal de se sécher, de se nettoyer du mieux que l’on puisse. Un peu fatigués par cette sortie, et par le temps qui commence à nous glacer les os, on se réconforte comme on peut, en se disant que la vue était tout de même jolie.

 

Pour aller mieux rien ne vaut un déjeuner de sandwichs faits dans la voiture et face à la mer. On décide donc de retourner sur la route de Cahersiveen et d’aller sur le port d’où part le ferry vers Valentia Island, Reenard Point. Evidemment, pas de ferry à cette période de l’année, et c’est bien dommage. Mais le temps de faire le déjeuner, le temps se dégage sur le port et la crique devant nous, un bonheur pour les oiseaux et en particulier les mouettes qui se bataillent en nombre pour de la petite friture.

Ca crie, ça braille, ça s’engueule et surtout ça s’attaque à grands coups de bec. On peut observer ce ballet incessant assez longtemps tant c’est intriguant : qui va manger en premier ? Qui n’aura rien ? Est ce que le fou de Bassan remontera de sa plongée avec un repas ?

 

Au loin les bateaux des Lifeboats, les gardes côtes locaux très respectés de la population et en charge de toute la côte sud ouest de l’Irlande font des rondes croisant des bateaux de pêcheurs qui se dirigent vers Beginish Island, une armée de mouettes à leurs trains.

Un dernier coup d’œil sur Knightstown, la ville principale de Valentia, et comme le temps commence à se gâter et la pluie à être un peu plus forte, on reprend la route vers Portmagee et au vu du temps qui ne se dégage pas, on reste sur notre première idée d’aller visiter Valentia Island.

 

On prend donc le pont qui sépare l’île de la terre ferme et la première étape sera Skellig Experience.

Un petit musée qui raconte l’histoire des îles de Skellig, deux énormes rochers acérés situés en pleine mer, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, et qui, sur le principal des deux rochers, a abrité plusieurs monastères, deux phares et a subit plusieurs invasions Viking.

 

La visite de ce musée est habituellement couplée avec un tour en bateau des îles, mais il ne se fait que de juillet à septembre et par mer – très – calme. Si la mer est trop agitée, cela risque d’emporter les bateaux vers les petits rochers tranchants sur les abords de l’île.

 

L’histoire de Skellig Michael est particulièrement intéressante, car un monastère y a été érigé au 6e siècle par des moines, qui l’ont construit pierre par pierre, avant d’être attaqués par les Vikings vers 800. Le monastère sera abandonné par la communauté des moines au 12e siècle.

 

Un film, dans le musée, montre le nombre de marches à gravir pour y monter, et il est bien spécifié que mieux vaut ne pas avoir le vertige pour y aller.

 

En images, on le comprend mieux. Deux autres aspects des îles Skellig sont montrés dans le musée : la faune ornithologique, car les îles sont des étapes des migrations des oiseaux, en particulier des macareux, et le phare de Skellig Michael, qui fut érigé à la fin du 19e siècle, rénové dans les années 50 et automatisé dans les années 80.

 

L’histoire des familles qui ont habité le phare, souvent pendant une période longue est malheureusement peu abordée. Par contre, son utilité est bien montrée : les îles Skellig étaient les premières îles que l’on voyaient avant d’aborder l’Irlande, il a donc fallu mettre en place un système de lumière reconnaissable entre les phares de Valentia et St Finians Bay. Le musée est court, et peut-être pas assez poussé concernant les phares, mais il est agréable et cela permet de faire une pause dans la journée, et pour nous de s’abriter.

Après cette petite pause culturelle, on décide d’amorcer Valentia par le côté ouest et de faire notre première pause à Bray Head. La vue est malheureusement un peu bouchée, mais la côte se découpe bien sous nos yeux.

Ce puits, malheureusement, nous ne le trouverons jamais…la route d’accès étant pleine de flaques – un peu profondes – et de nids de poules massifs, nous ferons demi-tour au bout du chemin sans rien trouver, si ce n’est la peur d’avoir abîmé la voiture. Par contre, on y trouvera, un pub esseulé, au milieu de nulle part, avec sans doute l’un des meilleurs arguments commerciaux de ce point le plus à l’ouest de l’Europe : « Next Pint : New York »

Nous abordons maintenant le nord de l’île et le temps ne s’améliore vraiment pas, mais sur la carte les Fogher Cliffs nous font de l’œil, tout le monde nous en a parlé, même Eileen, notre hôte de Killarney

 

Arrivés en bas de la Geokaun Mountain, il faudra motiver la voiture pour monter, mais nous nous arrêterons au premier palier, les deux autres étant des points de vue, nous ne pourrons pas en profiter avec le brouillard qui s’épaissit de plus en plus.

 

La vue sur les Fogher Cliffs vaut tout de même le coup malgré la nappe épaisse de brouillard. Autant dire que cela rajoute un petit quelque chose à la magie du lieu. De base, les falaises, c’est toujours impressionnant, mais là le brouillard qui les enveloppe, dramatise l’ambiance. Il fait ressortir le noir de la pierre et le vert des plantes grasses qui s’accrochent à la roche.

Qui plus est le lieu est chargé de légende dont celle d’Oscar qui après avoir convoité une princesse française s’est mis un paquet de gens à dos, s’en est suivie une bataille, et le jet d’un énorme rocher sur ses assaillants. Rocher dont on peut voir la réplique malgré que la bataille ait eu lieu au 6ème siècle…

 

L’appareil photo est trempé après quelques clichés mais ça valait le coup de tremper les chaussures et de se geler. On ne s’attarde pas et on reprend la route principale avec une visibilité grandement restreinte.

Notre prochain arrêt sera pour the Grotto. Ce nom nous intrigue beaucoup sur la carte, alors on s’embarque sur le chemin. On tombe alors sur une énorme falaise, percée d’un trou noir.

 

Nichées à son sommet, une vierge et Bernadette, montées dans cette niche en 1954. Our Lady’s Grotto est à la base une carrière d’ardoise, qu’une chute de pierre fera fermer en 1910. Abandonnée jusqu’en 1954, année de Marie (Marian Year) où elle sera réhabilitée en lieu de communion. Depuis, il s’y déroule beaucoup de célébrations, et en parallèle la carrière a été rouverte pour l’export de l’ardoise, qui a, entre autres, servi pour la rénovation de l’Opéra de Paris.

Le brouillard, s’épaissit encore, la pluie ne faiblit pas, on s’arrêtera donc là avec les photos. On continue le tour de l’île jusqu’à Knighstown. Mais si, vous savez, la petite ville en face de laquelle on a mangé ce midi !

 

Le versant sud de l’île sera plutôt vite parcouru. Le jour tombe, la pluie continue, pour tout dire, on est déçus mais fatigués, déçus de ne pas avoir plus d’accalmie, sans spécialement demandé à avoir du beau temps non stop, déçus de ne pas apercevoir les Skellig Islands au loin.

 

Depuis ce midi, la pluie n’a pas cessé de tomber, à différentes intensités. Nous rejoignons donc Portmagee, notre arrêt pour ce soir et son charmant petit port, et faisons quelques courses car demain, dimanche, tout sera fermé.

On prend donc nos quartiers chez Moorings, une charmante maison violet framboise écrasée, qui donne face au port. Ce petit coin de paradis, ça fait déjà 2 ans qu’il nous fait de l’œil, depuis que Julie des Carnets de Traverse en avait fait un joli papier. Pensez donc, l’Irlande on ne connaissait pas, on a vu ce petit hôtel avec la vue sur le balais des chalutiers et forcément, on a voulu aller voir.

 

Et bien on n’est pas déçus, sans le vouloir, on se retrouve dans la même chambre que Julie il y a 2 ans. Vue sur le port, sur Valentia Island, juste au dessus d’un bar où nous irons décompresser avec une pinte de Guiness, face à un test match de l’Irlande face aux Samoa (nul besoin de préciser que c’est du rugby), qui se soldera par une victoire écrasante et évidente de l’Irlande.

On s’y sent tellement bien, à observer le balais des habitués, qu’on n’y bougera pas de la soirée. On y mangera bien, voir même très bien pour un prix plus que correct. Pour moi un fish & chips très copieux, une assiette de poisson pour Cécile. A la fin du match, et du repas, tranquillement on digérera en flânant sous la bruine, le long du port, et on reprendra nos quartiers dans notre belle chambre, jusqu’à ce qu’on voit la météo pour le lendemain qui finira de nous achever.

 

Mais après tout, demain est un autre jour.

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