09 Juil No Grandi Navi – La lagune de Venise en sursis
No Grandi Navi ! Non aux grands navires ! C’était le slogan des drapeaux que nous voyions aux fenêtres des vénitiens, en ce début du mois de juin, pendant ces 3 jours de manifestations en mer et sur terre, contre le passage des grands navires dans la lagune de Venise. C’est aussi le nom de l’association « No Grandi Navi » dirigée par un ancien journaliste retraité, Silvio Testa.
Essayer de comprendre cette affaire assez brûlante n’est pas chose facile. Il faut prendre en compte plusieurs aspects : l’aspect esthétique, d’abord. Vous l’avez vu sur de nombreuses photos et vidéos, voir passer un énorme bateau de croisière est vraiment impressionnant et surtout, disons-le franchement, vraiment laid ! Alors qu’on visite une Venise pleine de petites rues, complètement ouverte sur la lagune, qui amène une fraîcheur et une douce brise, on tombe sur un paquebot géant sur le front de mer. Je ne pense pas me tromper si je vous dit qu’il n’a pas sa place ici…
On se fait ensuite vite la réflexion que cela pourrait être dangereux. Une mauvaise manœuvre et on pourrait bien voir un jour un bateau de croisière, comme le Costa Concordia, couché sur le côté devant la place St Marc. Un accident s’est d’ailleurs produit en 2004 : l’ensablement d’un bateau allemand un soir de brume, mais qui nous dit que cela ne sera pas plus grave un jour ? Cet accident prouve donc bien que le risque zéro n’existe pas.
Et pourtant, un argument semble imparable, encore plus en temps de crise. Encore et toujours, l’argument économique. Car le passage de ces ferrys permet à la municipalité de Venise d’engranger des fonds supplémentaires et conforte les emplois, avec près de 4 000 à 5 000 emplois directs dédiés au marché des croisières dans la Sérénissime. La ville allant même jusqu’à mettre en place des surveillants sur la place Saint Marc, avec des polos arborant le logo de Costa Croisières.
Oui mais…l’argument de la préservation des fonds marins, (et du patrimoine aussi !) me paraît contrecarrer à lui seul, le seul et unique fait de gagner de l’argent. Mécaniquement, le passage des bateaux de croisières accélère l’entrée de l’eau salée dans la lagune, déjà largement invitée depuis l’ouverture du canal de Malamocco, construit en 1960. Pour draguer ce canal, il a ainsi fallu détruire la plupart de la végétation sous-marine.
L’eau de mer abîme donc les fonds marins et les pilotis, donc les fondations. On a ici un double problème : la destruction, petit à petit, de la flore sous-marine et du patrimoine historique. On a pu observer également l’augmentation de la fréquence des marées exceptionnelles, les fameuses « acqua alta« , qui deviennent également de plus en plus fortes.
Et pourtant, le projet Moïse (ou MOSE), lancé en 2003, vise a ralentir l’entrée de l’eau de mer dans la lagune par la construction de trois barrières mobiles aux niveaux des passes du Lido, du Malamocco et de Chiogga. Ce projet titanesque, extrêmement cher et long (il devrait se terminer normalement en 2014), semble être davantage une « réparation » des erreurs faites par le passé qu’une mesure de prévention. Et on se pose la question : Pourquoi mettre en place des barrières pour casser les marées, et continuer de laisser passer des bateaux, qui par leur taille, vont au final, annuler leur effet ?
Vous l’aurez compris par le ton de cet article, il est révoltant de voir passer des navires de cette taille au milieu de cette ville qui semble si fragile, avec ses campaniles qui penchent un peu plus chaque jour. N’oublions pas que le changement climatique et la montée des eaux qui en découle aura également une incidence sur l’avenir de la lagune. On ne peut pour l’instant pas mesurer (aucune étude n’a d’ailleurs été faite) l’impact environnemental et géologique de ce passage des grands navires et de l’acqua alta, toujours plus fréquentes. Une chose est sûre : l’histoire de Venise n’aurait pu se faire autrement que grâce aux bateaux, leur présence étant omniprésente. A eux maintenant de sauvegarder cette histoire en posant de nouvelles limites.
Laponico
Posted at 11:12h, 09 juilletMalheureusement, comme je le disais hier sur FB, les gens sont incapables de voir plus loin que leur petit confort et le court terme. Malheureusement, l’économique prime constamment sur l’écologique, où juste l’esthétique.
C’est en temps de crise justement que nous devrions insister sur les efforts à faire, sur le fait de peut-être moins penser à l’argent que nous allons gagner, moins dépenser en conneries qui ne servent à rien, mais juste profiter de la vie, des richesses naturelles, avant que tout ne soit détruit par l’homme.
En tout cas comme bien d’autres problèmes, c’est révoltant, mais sans une prise de conscience (une catastrophe un jour?), les gens devront se battre ! et il faut soutenir ces association…
LaRoux
Posted at 20:46h, 09 juilletsi il y a des gros bateau c’est qu’il y a beaucoup de demande, tant qu’il y aura autant de demande, de monsieur madame qui veulent leur confort sur un gros bateau avec une grande chambre, et pour ces touristes, qui avec des croisières font plusieurs villes en quelques jours pour dire de .. ces gens la ne sont pas des gens qui se posent la question des problèmes que rencontrent chaque ville (comme ici avec Venise!) .. ils payent, ils veulent voir, ils voient du haut de leur balcon .. et voilà, et tant qu’il y aura des gens comme çà, il y aura toujours derrière des gens qui veulent en profiter pour se faire de l’argent .. et voilà un cercle vicieux .. à la ville de Venise de prendre de réelles décisions !
Dans quelques années la ville risque de disparaître, mais apparemment çà ne gêne pas beaucoup de gens ..
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LaRoux
Posted at 20:47h, 09 juilletMais, merci bien pour cet article, qui sensibilise un peu les gens qui n’y sont jamais allés & qui ne savent peut-être pas .. parce que les articles « c’était trop bien .. » c’est sympa .. parler des problèmes c’est bien aussi !
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retourdumonde
Posted at 23:22h, 09 juilletC’est vrai qu’il est parfois intéressant de soulever des problèmes qui se déroulent dans les lieux que l’on visite. Pour répondre à vous tous, il est vrai que le problème est complexe, et que beaucoup d’argent est en jeu. Tant que la ville de Venise ne prendras pas une position claire, la situation ne ferra qu’empirer.
C’est quasiment de l’argent jeté par les fenêtres que d’avancer sur le projet Moïse tout en laissant les paquebots s’approcher autant…
Hugo Venise
Posted at 21:58h, 09 juilletLes paquebots à Venise sont une hérésie, les associations faisant la promotion de la sauvegarde de l’écosystème lagunaire doivent arriver à se faire entendre auprès de la municipalité de Venise
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Posted at 11:02h, 23 juillet[…] Recette de Vénétie – Pâtes à l’encre de seiche No Grandi Navi – La lagune de Venise en sursis […]
Arnaud
Posted at 16:57h, 02 septembreC’est encore une fois la loi du plus fort qui gagne. C’est bien malheureux tout ça.
Cette ville est si belle, je ne comprends pas pourquoi la municipalité ne se rend pas compte des risques que cela engendre.
Arnaud
Danielle
Posted at 20:48h, 01 septembreNe pourrait on pas décider un boycot de nos séjours â Venise ? Est ce que l’UNESCO n’a pas son mot â dire ? Le creusement d’un autre canal ne résoudra pas non plus le problème ! Pourquoi le Maire Brugnaro, n’a pas autorisé l’Expo photo de Berengo, si parlante ?
retourdumonde
Posted at 23:29h, 08 septembreMerci Danielle pour ces réflexions. Personnellement, je ne suis pas pour un boycot complet de nos séjours à Venise. Dans un immense ferry oui, mais il faut avouer que cette ville est tellement belle lorsqu’on la découvre à pieds ! Concernant l’UNESCO, je suis d’accord, il serait temps qu’ils réagissent, mais il semble que le tourisme et ses apports économiques soient plus forts…
Eric
Posted at 16:22h, 31 maiTriste de voir que la magie de Venise est menacée…