Lettre à Grinda

Lettre à Grinda

Suggestion d’accompagnement sonore :

Koop – Koop Island Blues (!K7– 2006)
Petite perle jazzy, un peu mélancolique comme cette lettre, composée uniquement de samples, et avec des paroles comme “We said goodbye with the smile on our faces”, comment ne pas succomber ?

Chère Grinda,

rdm-featured_grinda_1Il y a un peu plus d’un an, on se découvrait, on ne se connaissait pas encore. Tu étais seule, on était deux. Un après-midi du mois d’août, au beau milieu d’un grand week-end de 4 jours à Stockholm, on a rejoint le port. Situé au centre de la ville, il tendait les bras vers le large. On s’est alors frayé un chemin, au milieu des touristes et des locaux, qui étaient tous dehors en ce dimanche après-midi.

Venir te voir, c’est un voyage en soi : à 1h de bateau du centre-ville, à zigzaguer entre les îles, et à s’apercevoir que sur certaines, il n’y a qu’une maison sur un rocher, sans eau ni électricité. A slalomer entre les voiliers qui s’en donnent à cœur joie le week-end dans l’archipel. On bronze sur le pont, on se remémore les ferrys en Norvège et on sourit car cette fois-ci, l’habit est plus léger.

rdm_swe_grinda_i_1Et puis on a hâte, on est un peu pressés de te rencontrer, Grinda. On essaye de t’imaginer : es-tu grande ou vraiment petite ? Plutôt sociale ou solitaire ? Les gens autour de nous doivent se poser les même questions, suédois ou étrangers qui vont, comme nous, te rencontrer pour la première fois.

Et puis ça y est, on se voit. Je t’aperçois, au loin, et le bateau ralentit. On se dépêche parce qu’il repart vite. On débarque et on se rencontre vraiment, Grinda. Je foule ton sol, car oui tu es une île. Une île au nom de femme nordique, un peu fière là, au milieu de toutes les autres. On est dimanche, il est à peu près 16h et je sais déjà que je vais avoir du mal à te quitter. Pas de voiture chez toi, Grinda. Tout se fait à pieds. Tout comme cette sorte de transhumance de touristes, dont nous faisons partie, entre le débarcadère et l’un des rares bâtiments de ton île, l’hôtel-restaurant.

rdm_swe_grinda_i_2Un chemin en terre, 3 vaches, un petit port de plaisance, une petite forêt et un terrain de camping. Tout l’essentiel est chez toi, Grinda. On se pose et on t’explore, le soleil se couche déjà.

La nuit blanche est finie depuis longtemps, alors on profite du soleil rougeoyant. On en profite jusqu’à demander s’il est possible de décaler le dîner. La serveuse nous pousse même à aller voir le soleil disparaître à l’horizon, elle nous assure qu’elle gardera la table. Ceux qui travaillent sur ton sol semblent bien te connaître, Grinda. La forêt traversée, la Mer Baltique est une mare d’huile qui reflète les rayons de l’astre. On descend, on se pose, on capture et on profite du moment. On prend notre temps.

rdm_swe_grinda_i_5rdm_swe_grinda_i_6Chez toi, on n’a pas envie de se presser. Alors, avant d’aller dîner, on passe par la marina, baignée par les dernières lueurs du soleil, guidant le départ des bateaux qui rentrent pour attaquer la semaine. On retournera même te prendre en photo de nuit, dans un silence profond, où chaque bruit ou éclat de rire se répercute à l’infini sur les rochers.

rdm_swe_grinda_i_3rdm_swe_grinda_i_4Grinda, le lendemain, on n’avait pas envie de prendre le ferry du matin. On a fait traîner, et on avait envie de faire le tour du propriétaire. On a traversé le terrain de camping et on a vu l’autre embarcadère, bien caché. Peut-être sert-il aux locaux ? Aux bateaux qui font le ramassage scolaire ? On déroule l’histoire, Grinda, on imagine le quotidien de ceux et celles qui vivent sur des îles comme toi, qui semblent isolées mais pourtant si proches de la ville.

rdm_swe_grinda_i_7rdm_swe_grinda_i_8rdm_swe_grinda_i_9Le midi, on déjeune au soleil. On est lundi. Depuis ce lundi-là, lorsque j’ai un coup de blues, je repense à la vue lors de ce déjeuner, sous le soleil clair de la fin d’été. Tu nous connais maintenant, tu penses bien qu’on a essayé de t’imaginer sous la neige. Mais ton propriétaire nous a dit que l’hiver, il t’abandonnait presque, que tu devenais inaccessible, entourée des glaces de l’archipel. C’est dommage mais il faut bien que tu te reposes.

rdm_swe_grinda_i_10rdm_swe_grinda_i_11Et puis est venu le moment de te quitter. Refaire à pieds le chemin foulé la veille. Rejoindre la troupe de locaux et touristes entassés devant l’embarcadère, à bronzer sur le talus d’herbe, pour profiter jusqu’au dernier moment.

rdm_swe_grinda_i_12A peine 2 heures après avoir mis un pied sur le bateau qui nous ramenait dans le centre de Stockholm, nous étions dans notre avion pour Paris. Et on s’est demandé s’il y en avait d’autres des comme toi, Grinda.

Minolta SRT-101 – Agfa Vista 200

Pour rendre visite à Grinda, c’est ici.
Ce city-trip à Stockholm s’est déroulé dans le cadre d’un partenariat entre la Team Givrés et Visit Sweden.
Néanmoins le ton des articles et les choix éditoriaux nous sont propres.

14 Commentaires
  • Delphine / 7h09
    Posted at 16:00h, 04 octobre Répondre

    Joli texte ! Et belles photos !
    Et oui oui, il y en a des comme Grinda ! En juillet dernier, nous avons passé un WE sur l’île (presque voisine) de Finnhamn. Il faut d’ailleurs que j’écrive un article sur ce sujet… À bientôt !

    • retourdumonde
      Posted at 17:55h, 06 octobre Répondre

      Merci Delphine pour les compliments ! Je crois qu’il y en a plein trop comme Grinda et que tout l’archipel mérite un voyage à lui tout seul !

  • Celine j
    Posted at 10:05h, 12 octobre Répondre

    Très jolie lettre, j’ai découvert Grinda lors de l’émission échappée belle. Vous lui rendez un bel hommage dans votre lettre

    • retourdumonde
      Posted at 10:08h, 13 octobre Répondre

      Merci Céline ! Est ce que tu sais quand cette émission a été diffusée ?

  • Tiphanya
    Posted at 15:17h, 17 octobre Répondre

    ça donne envie de s’y rendre, d’y rester tout un été, jusqu’au première neige, de vivre dans une parenthèse.
    Et j’adore la bande son choisie. Un peu trop “bavarde” pour profiter des mots, car j’ai eu du mal à savoir ce qu je voulais écouter, les tiens ou ceux de la chanteuse. Une belle découverte pour moi
    Tiphanya Articles récents..Distribution de pop-corn à la montagne des singes – AlsaceMy Profile

    • retourdumonde
      Posted at 15:31h, 17 octobre Répondre

      C’est un bon qualificatif pour Grinda : c’est une parenthèse ! Et bien noté pour la bande-son, on essaiera de faire plus “instrumental” la prochaine fois…

  • Alice
    Posted at 18:40h, 24 octobre Répondre

    Pfiouuu j’adore ! Tout, mais vraiment tout s’harmonise parfaitement : le texte, les photos et le choix de cette chanson de Koop – que j’aime plus que tout. Je lis et relis, scroll de haut en bas, de bas en haut avec le sourire au coin des lèvres. Haaa que c’est bon de rentrer de voyage quand on est accueillie comme ça ! J’ai déjà envie de repartir du coup, mais ça c’est une autre histoire ! ^^

    • retourdumonde
      Posted at 20:02h, 25 octobre Répondre

      Merci beaucoup Alice ! Contente d’avoir accompagné – en douceur – ton retour.

  • Isa
    Posted at 15:22h, 25 octobre Répondre

    En fait, vous êtes presque pénibles : chacun de vos articles approche la perfection. Vous me faites tellement voyager, aussi bien avec vos mots que l’émotion qui se dégage de vos clichés. Oui, je confirme, vous êtes pénibles 😀
    Isa Articles récents..New York City : quand la magie n’opère plusMy Profile

    • retourdumonde
      Posted at 20:03h, 25 octobre Répondre

      Merci Isa ! Contente d’avoir été pénible dans cet article 😉

  • Mimi
    Posted at 00:39h, 24 avril Répondre

    Très inspirant !
    L’ile est plutôt plate ou ça grimpe ?

    • retourdumonde
      Posted at 16:33h, 05 mai Répondre

      Bonjour Mimi, non l’île est plutôt plate comme la grande majorité des îles en Scandinavie où les altitudes sont peu élevées.

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    Posted at 11:30h, 07 décembre Répondre

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