Les 36 du Minolta, ma première pellicule…

Les 36 du Minolta, ma première pellicule…

« Et si tu faisais un article des 36 ? ». Je reste circonspecte à la question de William : « Heu…moi ? Un article sur la photo ? ». Et puis, allez, lançons-nous, pourquoi pas ? Je viens tout juste de renouer avec l’argentique. Et pas avec n’importe quel appareil : avec le Minolta SRT 101 que mon père avait acheté au Japon en 1972.

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J’ai pratiqué l’argentique jusqu’à mes 15/16 ans. D’abord les éternels jetables, en colos, et ensuite une sorte de semi numérique et argentique pour les voyages linguistiques en Angleterre.

Au retour, j’étais toujours impatiente d’avoir ces photos de soirées et d’après-midis passés dans l’herbe du terrain de cricket. C’était mon Instagram : je shootais mes meilleures amies, nos conneries et nos rires. Ces photos étaient bien moins éphémères que les carrés numériques aux vingt hashtags : je m’en souviens encore de toutes.

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C’est la magie de l’argentique : la patience. Et c’est bien ça qui m’étonne aujourd’hui de son retour en force : on ne sait plus être patient, on a tout, tout le temps, tout immédiatement sous la main. A-t-on un besoin de se confronter de nouveau à l’attente ? Aux manipulations un peu techniques ? Ou alors veut-on faire du « vrai » vintage avec la teinte des photos à l’argentique ?

Près de 15 ans après, le retour à cette patience est difficile. A quel point a-t-on été conditionnés pour que mon premier réflexe après avoir pris une photo soit de regarder le résultat de la photo sur le capot de l’appareil ?

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Pourtant, l’attente du résultat n’a pas été longue, le plus difficile a été d’ouvrir le dossier qui contenait les clichés : Et si je m’étais trompée ? Si je n’avais pas bien cadré ? Un petit stress pas désagréable, un petit pincement que je n’avais pas ressenti depuis longtemps.

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L’argentique, ça demande aussi de la maîtrise. Avec ce boîtier, sur lequel j’avais la chance d’avoir une cellule, cela me facilitait considérablement les réglages, pour la nouvelle-novice que je suis. La manipulation d’un boîtier argentique, ce n’est pas seulement d’appuyer sur le déclencheur : on sent tout d’abord son poids, il est lourd et plus que présent dans les mains, on règle la cellule, on fait sa mise au point, on se dit qu’on est sûr, que là c’est bon, on peut y aller et CLAC. On déclenche, et on avance le film.

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Débarrassé de la poussière accumulée pendant des années dans des caves parisiennes, complètement remis à neuf, le Minolta était prêt à repartir, 43 ans après. Avec à peine quelques rides, il repartait pour le Pays Basque. Il n’avait pas peur, il avait déjà quelques kilomètres au compteur…

J’embarque le jeune grand père dans le sac à dos, à côté de la GoPro et du Zoom. Je sens leur sourire en coin, mais peut-être sont-ils dans le fond un peu jaloux.

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Ils se disent peut être que j’ai suivi la mode, comme tant d’autres. Pourtant, je ne suis pas la mode, c’était plus par curiosité, et histoire de se tester.

36 poses. Seulement 36. Enfin…un peu moins, car les premières prises ont été des photos de mon père et moi, pour mes 30 ans. Le grand père était là, au milieu de la famille, pour mon anniversaire.

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Le choix de la Fuji Superia 200 s’est fait parce que j’ai flashé sur ses couleurs chaudes et douces, un tour d’horizon sur flickr et je trouvais qu’elle allait bien avec le Minolta… ce que je n’avais pas anticipé étaient ces paysages de neige et ce goudron si noir, des photos un peu dures, mais tellement contrastées. Ce n’était pas prévu, j’ai été surprise, mais j’ai bien aimé. Comme ces tons de vert qui ressortent quasi fluo. La pellicule est elle même contrastée, on y retrouve une douceur des couleurs, et la dureté des montagnes enneigées.

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J’ai fait résonner son déclenchement, et son léger écho, en plein milieu des plaines enneigées des montagnes basques.

Je me suis vue prendre une photo, m’efforçant de ne pas trembler avec son boîtier en métal, gelé à 900 mètres d’altitude.

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Je me suis dit qu’il fallait que je répartisse bien mes photos. Mais c’est quoi ‘’bien répartir’’ ?

Je me suis dit 36 fois : « Alors celle là je suis pressée de la voir ! »
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Je me suis quand même dit « Avant, Il fallait gérer ça quand même ! ». La parisienne ronchon ne se refait pas.

Et je n’ai pas pensé une seule fois que c’était ennuyeux, c’est juste une façon différente d’apprécier le voyage en photo.

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Beaucoup de questions et de réflexions, mais pour, au final, une pellicule qui me plaît, avec ses loupés, ses photos mystiques et…sa dernière photo de fin de rouleau.

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Suggestions d’accompagnement sonore :

Les Frères Jacques – C’que c’est beau la photographie  (Fontana – 1968)
Il devait forcément y avoir dans la musique française une chanson sur la photographie. Après quelques recherches on est tombé sur celle-ci des Frères Jacques qui tout en humour, résume très bien cette pratique.

11 Commentaires
  • mzelle-fraise
    Posted at 16:45h, 31 mars Répondre

    Oh mais cet article <3 ! Je me suis fait la réflexion aussi du temps et de la patience; on se la fait sûrement plus quand on a délaissé l'argentique dans un coin pendant longtemps… C'est très étrange de s'y remettre, et de se rendre compte que notre regard a changé (grandi ?).

    • retourdumonde
      Posted at 10:13h, 02 avril Répondre

      Merci Johanna !
      Et oui en effet le regard a changé, et puis on est plus ”précautionneux” avec les pellicules maintenant je trouve, au vu du prix.
      C’est un ensemble de choses qui fait que j’ai l’impression de revenir à zéro…mais finalement c’est assez agréable, on recommence quelque chose.

  • M I L L A
    Posted at 21:18h, 31 mars Répondre

    J’aime beaucoup le rendu de ces photos, qui pour le coup est “naturel” si on peut dire lol
    M I L L A Articles récents..// Un weekend à NancyMy Profile

  • Sophie
    Posted at 15:03h, 03 avril Répondre

    Question con, il shooté avec quoi ton père ? (tu dis avoir choisi la Fuji Superia 200 pour les tons)
    Joli article, et intéressant accompagnement sonore 😉 (“en N&B qu’on s’en souvient comme si c’était en couleur”)

    • retourdumonde
      Posted at 16:33h, 06 avril Répondre

      Sophie, j’ai dû aller à la pêche aux informations 😉 Je me souvenais vaguement des couleurs des pellicules qui trainaient à la maison mais bon..Pour le noir et blanc, mon père utilisait une Fuji 100 et sinon le reste, c’était de la Kodak !

  • Maïder
    Posted at 23:25h, 05 avril Répondre

    Hey Cécile cet été we will rock the boat et on se fera une peloche together !
    Sinon passé le passage frenglish, bravo pour la jolie série. J’aime beaucoup la photo de couverture et celle avec les pottoks <3 oh puis celle avec le rayon de soleil qui s'échappe de la forêt !
    Ah ce petit côté régressif et l'idée de la pochette photo surprise me donnent de plus en plus envie de me laisser tenter par l'argentique…
    Maïder Articles récents..Safari en Afrique du Sud : Le Big 5My Profile

    • retourdumonde
      Posted at 16:42h, 06 avril Répondre

      If you veux qu’on take une pellicule together, pas de problème 😉
      Je pense que tu prendrais goût à l’argentique, au vu de ton oeil aiguisé…

  • WeeChOO
    Posted at 08:13h, 13 mai Répondre

    Je découvre ton blog; c’est le premier article que je lis… J’adOOOOre!
    Ma photo pref de pref, c’est la dernière… Que de souvenirs…
    J’étais une grosse consommatrice de péloches, ado. Aujourd’hui, je trouve le numérique beaucoup plus pratique mais à y réfléchir, au temps de l’argentique, je ne me plaignais pas….
    Dès que j’ai plus de temps, je plonge dans tes autres articles…

  • Pauline
    Posted at 09:29h, 28 octobre Répondre

    Je viens de découvrir votre blog, et j’ai adoré ton article. Les sentiments que tu décris sont tellement vrai et tellement présent à chaque fois que je déclenche mon vieux reflex argentique 🙂
    J’ai l’habitude de me trimballer mon Minolta, mais pour notre voyage actuel, en Nouvelle-Zélande, je l’ai troqué contre un Canon AE1 qui a un son adorable au déclenchement !

    Félicitations pour votre travail ! Je m’en vais de ce pas fouiller dans vos archives 🙂

    • retourdumonde
      Posted at 19:49h, 07 novembre Répondre

      Merci Pauline ! Mon Minolta m’a encore suivi en Nouvelle Ecosse avec un déboire de pellicule mal rembobinée…donc cramée ! C’est ça aussi l’argentique… On est allés faire un tour sur votre site et on est tombés en admiration sur votre idée de magazine, c’est vraiment un prolongement du blog et une très belle façon de mettre en valeur vos photos, bravo !

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