03 Déc Paul a suivi Erasme en Finlande
La blague était facile, je vous l’admet, et est une référence évidente à l’ « Auberge Espagnole’‘ de Cédric Klapisch. Ce film qui a marqué une génération, avec au centre de l’intrigue un programme bien connu des étudiants : ERASMUS. Ce programme qu’avec William, nous regretterons toujours de ne pas avoir fait. Mais c’est comme ça, en France, les universités ne communiquaient vraiment pas beaucoup sur leurs partenariats à l’étranger, et c’est toujours malheureusement toujours le cas. Il y a évidemment des exceptions, des universités qui poussent leurs étudiants à aller passer 6 mois à l’étranger ou plus (6 mois étant la durée moyenne d’un ERASMUS, selon les statistiques de l’Union Européenne), ce qui correspond à un semestre de cours.
L’étudiant en ERASMUS que nous vous présentons aujourd’hui défie toutes les statistiques. C’est un homme (plus de 60% des étudiants ERASMUS sont des femmes), il est étudiant en pharmacie, une filière très en minorité par rapport aux sciences sociales, et il a choisi pour étudier… La Finlande, alors que les 3 pays de destinations des étudiants en ERASMUS français sont l’Espagne, l’Angleterre ou l’Allemagne. Vous l’avez compris, Paul ne fait rien comme tout le monde, un peu comme notre ami Léon, lui aussi étudiant en Suède en Erasmus (il défie lui aussi les statistiques). Bon allez, on arrête de parler et on laisse la parole à Paul qui a répondu à toutes nos interrogations, et sur ce coup, on était très curieux.
Salut Paul, tu peux te présenter pour les lecteurs de Retour du Monde ?
J’ai 19 ans, je suis nancéien et en 3e année de pharmacie, année que j’ai décidé de passer en ERASMUS à Helsinki.
Est ce que tu peux nous expliquer ton choix pour un Erasmus à Helsinki ? Est ce que tu es parti seul ou en couple ?
Tout d’abord, pourquoi ERASMUS ? Première raison, améliorer mon anglais ! J’estime que maîtriser l’anglais est essentiel, que ce soit dans sa vie personnelle, comme professionnelle. Et seconde raison, la découverte ! ERASMUS, c’est l’occasion de découvrir un pays, celui dans lequel on s’installe pour quelques mois, mais aussi de nombreux autres horizons, à travers tous les étudiants que l’on rencontre !
Ensuite pourquoi Helsinki ? Le choix s’est fait aisément, la faculté de Pharmacie de Nancy ne disposant d’accords qu’avec deux universités dispensant des cours en anglais, celle de Poznań en Pologne, et celle d’Helsinki en Finlande. C’est sans hésitation que j’ai sauté sur la capitale finlandaise, préférant cette destination plus lointaine, cette culture plus différente, à une culture polonaise sûrement plus européenne et plus proche de la nôtre que ne peut l’être la culture nordique.
Enfin, ce n’est ni en couple, ni complètement seul non plus que je me suis embarqué dans cette aventure à l’autre bout de l’Europe, mais accompagné de deux étudiantes de ma faculté, de la promo supérieure.
Est ce que tu as hésité entre plusieurs villes, et si oui comment as tu fait ton choix ?
J’ai répondu à cette question avec la précédente, mais bien que n’ayant que deux alternatives, la Finlande n’est pas un choix par défaut, j’étais (et je le suis toujours) curieux de découvrir ce pays scandinave ainsi que sa culture.
Quelle a été la réaction de tes camarades de promo en France lorsque tu as choisi cette ville ? Comment est perçue la Finlande parmi les étudiants ?
Comme je l’ai dit, mon choix étant limité, mes amis ont aisément compris mon choix de préférer la Finlande à la Pologne !
Ce n’est pas évident de savoir comment la Finlande est perçue, car la première chose que j’aurais envie de dire, c’est que la Finlande n’est pas perçue. J’entends par là que pour beaucoup de personnes, les pays scandinaves forment un ensemble, une masse confuse, où la Finlande se retrouve à la place de la Suède, et où Stockholm est la capitale norvégienne ! Toutefois, la Finlande reste associée au froid, à la neige, à de longues nuits d’hiver, à la nature, aux lacs et à l’excellence de son système éducatif.
Quels étaient tes préjugés et ton sentiment global avant de partir ?
Je n’avais presqu’aucun préjugé, parce que je ne connaissais presque rien à la Finlande. Simplement ce cliché, est-ce que tout le monde est blond là-bas ?
C’est donc emplit d’inquiétudes plus liées à des aspects pratiques pour un étudiant qui quitte pour la première fois le nid familial (comment vais-je me débrouiller tout seul, comment va être mon appartement, vais-je réussir à me faire à manger, etc) qu’à des préoccupations culturelles que j’ai laissé derrière moi ma vie française.
Comment sommes-nous perçus, français, en Finlande ?
Commençons par quelques stéréotypes : les français sont fiers, fiers de leur langue, de leur gastronomie, de leur culture, de leur patrimoine, de leur mode… Bref, nous sommes chauvins ! Mais cette vision est globalement partagée par tout le monde. En revanche, une perception plus spécifique à la Finlande, concerne notre relation à la parole : nous, français, parlons beaucoup ! Et notre logorrhée si méditerranéenne contraste ainsi avec la relation finlandaise à la parole, où l’on parle peu, mais ce que l’on dit est utile et vrai.
Comment se sont passés tes premiers jours sur place ?
Vite, car entre tourisme et installation, mes premiers jours sur place ont été des journées plutôt chargées, et harassantes. S’installer c’est une chose, s’installer dans un pays étranger c’en est une autre. Tout est nouveau, les choses les plus simples, comme aller faire ses courses, prendre le bus, dire bonjour, aller à Ikea sont alors de vraies missions. Heureusement que je n’étais pas tout seul d’ailleurs ! Mais c’est formateur, et quand j’y repense maintenant, plusieurs mois après, tout ça me fait rire !
Y a-t-il eu des choses qui t’ont étonné dans un premier temps (en positif ou en négatif) ?
Tout le monde n’est pas blond !
Plus sérieusement, ce qui m’a interpelé, c’est la faible densité d’Helsinki, ce qui fait d’elle une ville à taille humaine, même si elle n’en reste pas moins une capitale !
Quelle est pour toi, la différence, au niveau éducatif, entre la France et la Finlande ?
J’ai essayé de percer le secret de l’excellence éducative finlandaise, sans succès. Toutefois, certains éléments y contribuent : la totale gratuité de l’école (allant jusqu’aux fournitures et à la cantine !), et dans une certaine mesure de l’université, la formation et la qualité des enseignants, le volume d’heures moins important, et l’autonomie confiée à l’élève et l’étudiant.
Pourquoi cette envie d’ouvrir un blog ?
Lorsque j’ai visité la côte ouest américaine, je me suis astreint à prendre quelques notes quotidiennes, histoire de capturer l’instant présent, pas seulement à travers des photos, et de pouvoir me donner l’opportunité de revivre ce voyage exceptionnel plus tard, en me replongeant dans ce journal de voyage.
J’ai donc voulu faire pareil en partant en ERASMUS, pour garder une trace de cette année pas comme les autres. Et je me suis dit pourquoi pas sous forme d’un blog ? J’y voyais là un excellent moyen de partager mes aventures avec ma famille et mes amis !
Quel en est son contenu, est ce que tu t’es fixé une ligne éditoriale précise ?
J’ai créé ce blog sans ligne éditoriale, comme un outil que j’utiliserai comme bon il me semblera. Toutefois, au fur et à mesure, et plus ou moins consciemment, je me rends compte que mon blog s’axe plus sur mes voyages, mes sorties, mes découvertes. Il ne s’agit pas d’un journal au sens où à intervalle régulier je raconterai tout ce que je fais, mais plus d’un support qui me permet de faire partager ce que je découvre, à qui est intéressé !
Sur ton blog, on voit que tu voyages beaucoup, en particulier en Russie, qu’as tu pensé de St Petersburg et des relations finno-russes ?
J’ai beaucoup apprécié St Petersburg. Son passé de capitale impériale a laissé à la ville un patrimoine riche, et particulièrement beau (bien que l’entretien et la rénovation ne soient pas forcément à la hauteur…). En revanche, le surnom de Venise du Nord est quelque peu exagéré, car bien que n’ayant jamais visité la cité des Doges, cette dernière baigne dans l’eau, vit autour de l’eau, et ce ne sont pas quelques canaux qui suffisent à atteindre cette symbiose urbano-aquatique à St Petersburg.
Quant aux relations finno-russes, elles ne sont pas simples, et n’étant pas spécialiste de la question, je ne peux que me contenter de rapporter quelques faits. La Finlande, petit pays scandinave, partage sa frontière ouest avec la Russie, puissance mondiale. La Finlande a été grand-duché de l’Empire Russe, puis a continué à subir une influence de Moscou. Au niveau militaire, la Russie a « récupéré » la Carélie finlandaise à la suite des guerres d’Hiver et de continuation, bien que l’armée finlandaise ait fait preuve d’une immense résistance lors de ces conflits face au géant soviétique. Enfin, aujourd’hui, les russes qui viennent en Finlande sont perçus comme malpolis et hautains.
Philosophie de voyage ? plutôt baroudeur, backpacker, roadtripeur, marcheur, explorateur…. ?
Touriste, amateur de photographie !
Ton premier souvenir de voyage en France ?
La Bretagne, avec mes parents, dans un gîte entouré de champs de petits pois. Que ce soit en été ou en hiver, et pour y être allé plusieurs fois, je ne peux pas oublier l’odeur iodée de l’océan.
A l’étranger ?
La Tunisie (rien de bien original…)
Le pays qui t’as le plus marqué et que tu conseillerais ?
Les Etats-Unis ! Tellement grands, différents, mythiques, chacun peut y trouver ce qui lui plaît, des grands espaces, des paysages à couper le souffle, du divertissement, des loisirs, des villes amazing and so famous !
Celui qui t’a le plus déçu(e) ?
La Russie. Ce n’est pas à proprement parler une déception… Mais, notamment à cause de la barrière de la langue et de la faible amabilité locale, j’étais content de rentrer en Finlande…
Quelles sont les choses dont tu ne te sépares pas lorsque tu pars ?
Mon appareil photo, mes papiers, mon couteau suisse et de quoi écrire.
Quelles sont les choses que tu ramènes toujours lorsque tu reviens ?
De nombreuses photos, quelques babioles, et bien sûr des tas de souvenirs, ainsi que de nouvelles envies de voyage !
Le moment où tu t’es dit « qu’est ce que je fous là » ?
Dans la Death Valley (Vallée de la Mort), par plus de 40°C à l’ombre !
Une dernière chose à ajouter ?
Mä rakastan Suomea ! (J’aime la Finlande !)
Où peut on te suivre ?
Sur mon blog HelloHelsinki, sur mon Twitter, et sur Facebook !
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Posted at 18:29h, 03 décembre[…] Paul a suivi Erasme en Finlande […]
Big Calm
Posted at 22:51h, 03 décembre« J’entends par là que pour beaucoup de personnes, les pays scandinaves forment un ensemble, une masse confuse, où la Finlande se retrouve à la place de la Suède, et où Stockholm est la capitale norvégienne ! »
Ah ah c’est EXACTEMENT ça ! Quand je suis allée faire mon erasmus en Suède, tout le monde confondait ça avec la Norvège (ou le Danemark, la Finlande, etc): pour beaucoup de personnes ce sont les mêmes pays … et la seule chose à laquelle ces pays leur font penser : c’est le FROID (pas faux de ce point de vue là)
(Au fait, super votre blog. Déjà quelques mois que je vous suis et je me suis régalée avec vos récits de road trip au delà du cercle arctique 😀 )
retourdumonde
Posted at 01:05h, 04 décembreC’est marrant de voir les aprioris des gens sur les destinations, c’est vrai que quand on parle de ces pays, on est toujours confrontés à la même chose « Ah je ne sais jamais lequel est lequel », « mais il y a de la neige toute l’année ? », bref mais bon autour de nous on a réussi à en convaincre deux ou trois !
Merci pour le petit commentaire 😉
Le Fil de Lau
Posted at 22:35h, 01 janvier« J’entends par là que pour beaucoup de personnes, les pays scandinaves forment un ensemble, une masse confuse, où la Finlande se retrouve à la place de la Suède, et où Stockholm est la capitale norvégienne ! »
Moi aussi j’ai relevé cette remarque, dans la mesure où dès que je pars en Scandinavie, que ce soit au Danemark ou au nord de la Norvège, on me dit « ah tu retournes dans ton pays froid ». Hmmmm.
Intéressant cet article, bien mené.
BonjourLaFrance
Posted at 20:04h, 18 aoûtArticle intéressant, cependant je me permets de corriger : la Finlande ne fait pas partie de la Scandinavie qui se limite à Norvège/Suède/Danemark, et il me semble que la phrase de fin devrait être « minä rakastan Suomi »