04 Fév Les dernières ethnies vues par Jimmy Nelson
Lorsqu’on a eu vent de ce livre, on a eu un coup de coeur, et lorsque les premières photos ont fuité, on a pris une gifle. Déjà sensibilisés sur le problème des Sames, dernier peuple aborigène d’Europe, le travail de Jimmy Nelson nous a parlé à défaut d’être une évidence pour tout un chacun. Alors on a craqué, il trône sur un meuble, chaque jour une nouvelle page, une nouvelle photo, une nouvelle gifle et une nouvelle prise de conscience.
Un titre un peu dramatique, pour une réalité malheureusement tellement visible. « Avant qu’elles ne disparaissent », c’est une prise de conscience de la disparition d’une partie du genre humain, avec la beauté et l’esthétique de l’œil de Jimmy Nelson.
Et le pire, c’est ce que c’est beau.
Ce livre en 3 langues (allemand, anglais et français) ne se fond pas dans une bibliothèque. En effet, avec ses 37 centimètres de hauteur, ses 5,5 kilos de pages en papier glacé et sa couverture en velours peau-de-pêche, il doit trouver son étagère.
Dans l’introduction, Mark Blaisse, co-auteur du livre, nous parle du travail de Jimmy Nelson. Tous ces voyages photographiques et forcément ethnographiques, il les vit : « Quand on le voit à l’œuvre, on dirait qu’il est possédé par le démon : il hurle, bondit, gesticule, pleure, étreint, rit et grimpe même aux arbres pour expliquer ce qu’il veut ».
Les photos sont mises en scène, il faut le préciser, mais quelle importance ? L’objectif est respecté : laisser une trace des ethnies, avant qu’elles ne soient plus. Les prendre en photos, eux, mais aussi, leur habitat, leurs habits, leurs bijoux. Tous ces symboles qu’eux-mêmes délaissent et enterrent, poussés vers la modernité qui les attirent un aimant.
Ce livre est en dehors des parutions que l’on voit en ce moment, pseudo « ethnologico-documentaires ».
Jimmy Nelson pense vraiment « que ces gens ont une beauté fantastique, quelque chose que nous avons perdu » (citation prise dans un interview pour la BBC).
Le travail de ce photographe est un travail de mémoire avant d’être un travail ethnologique. Ses photos sont des traces de ces tribus, qui feront bientôt partie de la mémoire collective.
Les photos, prises en partie avec une chambre photographique d’une cinquantaine d’années sont étonnamment modernes, les couleurs sont franches et la lumière est cinglante. Lorsqu’on tourne les pages, on est hypnotisés par leur profondeur si particulière.
Jimmy Nelson est limité à cent photos sur son appareil et avoue cacher le plus possible son matériel lors des prises de vues.
« Before They Pass Away », dans son titre original, ce sont 31 ethnies photographiées, 31 tribus et cultures menacées, choisies par le photographe. De l’Argentine des gauchos à la Sibérie des Chukchi, en passant par les plus connus Maoris et Maasai, Jimmy Nelson semble « commencer » son tour du monde. Il en manque de ces ethnies qui ne seront bientôt plus là, mais c’est son choix et sa sélection. On espère qu’il y aura un tome 2 mais surtout des expositions (déjà prévues à Berlin et Amsterdam en 2014), qui voyageront pour qu’un maximum de visiteurs apprennent sur les autres, mais aussi sur eux-mêmes.
« Avant qu’elle ne disparaissent » de Jimmy Nelson, 400 pages, TeNeues Edition, 128 €. Toute l’actualité de Jimmy Nelson est à retrouver sur son site internet.
French Fries and Apple Pie
Posted at 10:18h, 04 févrierMagnifiques photos! Merci de partager ça avec nous!