Formid’Alpes – De Vassieux-en-Vercors au Col du Rousset – Jour 5

Formid’Alpes – De Vassieux-en-Vercors au Col du Rousset – Jour 5

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Formid’Alpes

Road trip automnal entre Chartreuse et Vercors
Jour 5 – 7 Novembre 2018 – 422 km
Jour 1

Jour 1

De Vassieux-en-Vercors au Col du Rousset

422 km

Suggestion d’accompagnement sonore :

Buena Vista Social Club & Omara Portuondo – Lagrimas Negras
(World Circuit – 2015)

Classique de la chanson cubaine enregistré dans une session record en 1996, alors que le taxi attendait en bas du studio pour emmener Omara Portuondo en tournée au Vietnam. Un bijou avec un Eliades Ochoa à la guitare qui nous emmène…ailleurs.

Vous avez pu certainement voir dans le précédent article quelques photos de la voûte étoilée, magnifique n’est-ce-pas ? Mais ce que l’on a oublié de vous dire à ce moment-là, c’est qu’au moment où nous nous sommes ressortis, le vent avait décidé d’arrêter de nous asticoter pour passer à des choses plus sérieuses.

Le résultat de tout ça, fût une nuit fraîche, très fraîche. Au réveil, les membres en dehors de la couverture semblent envoyer des signaux de détresse. Le thermomètre du van peine à se fixer sur un petit 3°c et à la vue des rafales dépassant allègrement les 60 km/h, il est à parier que le mercure est descendu au sous-sol des températures.

Dans le van, frigorifiés et le tout associé à une nuit quelque peu compliquée, le résultat c’est une Cécile qui se réveille avec une bonne crève des familles et une mise en branle matinale au ralenti. C’est donc assez tard que nous décollons. Les mouvements sont lents. Il y a des matins de vadrouille comme ça, où l’on n’a tout simplement pas envie de sortir le bout de la chaussure de rando.

Pourtant, dehors la lumière est dingue sur la lande qui nous borde. Des raies d’un soleil se contrefoutant totalement de la température, viennent taper sur une plaine aux brins d’or. Rajoutez à ça des petits talus de neige blanche et vous obtenez un paysage magique, à la fois beau et sec qui encore une fois me rappelle le Pays Basque.

De l’autre côté du talus qui abrite ce que l’on pense être un réservoir d’eau, les paysages arides de basses montagnes, à la fois arides et secs épousent à merveille les lueurs du soleil. Plus à l’est, les prémices de la forêt du Col de la Chau possède des allures de steppe mongole.

Qui dit réveil tardif, dit décollage tardif, quitte à bien insister sur le sujet, la priorité c’est surtout de se réchauffer pour le moment. De toutes les façons, aujourd’hui c’est une courte journée qui nous attend, avec un programme culturel et historique pour sa grande majorité.

 On se fait la tournée des Grands Ducs ou plutôt la tournée des musées. Bien que Vassieux-en-Vercors ne compte que 322 âmes, le village ne compte pas loin de 3 musées, dont un sur la préhistoire sur lequel on fera l’impasse (pourtant j’en avais ramené un chouette couteau en silex en étant gamin, mais ça c’est une autre histoire).

“Mémorial de la Résistance”
Col de la Chau
(1 337 m)

Le Mémorial de la Résistance par lequel on attaque n’ouvre ses portes qu’à 10h00 et dès 09h59 on patiente devant la porte, tentant tant bien que mal à s’abriter et attendant grandement de se réchauffer dans ses couloirs.

Avec des allures de vaisseau en béton, le musée offre une vue magnifique sur le plateau de Vassieux-en-Vercors. De mes souvenirs de gamin, il n’en reste pas grand-chose c’est donc avec un œil presque neuf mais accusant quand même pas loin de 20 piges de plus qu’on commence par y arpenter ses couloirs. Peu de photos, beaucoup d’objets et un système de visite sonore fait de témoignages et de pastilles qui nous immerge dans un passé compliqué, ni tout noir, ni tout blanc

Nous y passons pas loin de 2 heures, finissant la visite sur une passerelle nous donnant à voir l’intégralité du plateau plat de Vassieux – celui-là même qui devait servir à l’atterrissage des alliés du Projet Montagnard – et surtout la chaîne enneigée des Hauts Plateaux du Vercors. A la vue des cimes, il a très probablement dû neiger tout là-haut. Le vent quant à lui ne faiblit toujours pas, rajoutant s’il le fallait, une pointe d’atmosphère encore plus lourde à cette visite.

Nous profitons de la chaleur des lieux pour quelques arrêts techniques mais aussi quelques achats dont ce magnifique bouquin que je ne saurais que trop conseiller à ceux qui veulent comprendre comment le projet Montagnard fût l’une des hontes majeures de cette foutue guerre :

Vérités sur le drame du Vercors de Pierre Dalloz, (Ed. La Thébaïde – Collection Histoire).

On décide de redescendre dans le village après avoir rendu hommage dans le silence du vent et de l’Histoire à la Nécropole Nationale située au bas de la route du musée.

Des histoires, des destins, j’emmagasine tout, j’éponge, je m’imprègne, j’essaie de connecter les noms, les histoires de ces destins fauchés. Les drapeaux claquent dans le vent, les carcasses de planeurs allemands me regardent d’un œil menaçant. Mon sang se fige, mes poils se hérissent. Je reste silencieux.

Ayant pris le pass pour les deux musées, c’est de nouveau devant le Musée de la Résistance que nous posons nos quatre roues. De ce musée, j’en garde beaucoup plus de souvenirs. Un truc fait de bric et de broc, une grange avec une grande fresque murale dont on rentrait par la pente servant autre fois à faire descendre les vaches de l’étable.

Tout a changé et mes souvenirs ne sont plus. A la place un bâtiment à l’architecture moderne qui étonnamment se fond plutôt bien dans le paysage. La chatte blanche de la veille réapparait comme si de rien était pendant que l’on casse la graine devant le musée. Toujours aussi collante, on l’a fait monter. Mauvaise idée.

Après avoir bataillé et tenté toutes les ruses possibles pour faire ressortir le greffier, nous passons les portes dès son ouverture à 14h pétantes. A l’intérieur, je ne reconnais plus rien. On y passe là aussi 2h si ce n’est plus tant il y a lire. On y bouffe de l’Histoire. J’y trouve à l’intérieur quelques photos de l’ancien musée que je m’empresse de montrer à Cécile, histoire qu’elle comprenne que la description que je lui en avais fait n’est pas le fruit d’une imagination trop galopante. Beaucoup (trop ?) de mots, beaucoup de destins, majoritairement tragiques. Je ressors de là un peu dans le gaz, patraque, quasi nauséeux de ces hommes et de ses femmes oubliés par d’affreux concours de circonstances qui furent, à mes yeux et à cet instant, les plus grands héros anonymes de la Résistance Française.

A la sortie du musée, on se retrouve légèrement emmerdés par le timing. On s’était prévu un petit camping, histoire de faire le plein d’eau, de recharger les batteries mais surtout de se réchauffer sous le jet d’une bonne douche chaude. Mais il est tard et on n’a pas du tout avancé et comme souvent avec nous, tous les campings que l’on trouve dans les environs sont fermés. On prend la décision de tirer jusqu’à notre point le plus au sud de ce road trip : Die.

Nous grimpons doucement jusque sur les hauteurs du Col du Rousset, qui lui aussi fut de par sa situation et ses deux versants, un haut lieu de l’Histoire. Le Col du Rousset est une station de ski. Vide jusqu’au moment où tomberont les premières neiges et se radineront les premiers skieurs.

La lumière sur la pointe des massifs du Vercors est juste folle, le soleil venant taper sur la pointe des sommets. Sublime. Je me balade et me bat contre le vent pour faire un petit tour, moi qui aime tant les hauts lieux touristiques hors-saisons, lorsqu’ils sont laissés à l’abandon et à la force des éléments.

Nous passons le tunnel du Col du Rousset, à la sortie le paysage nous arrive encore en pleine tronche. Sublime. De la route en lacet à nos pieds, à la Pointe de l’Aiguille qui nous surplombe, et cette lumière qui joue avec les nuages au-dessus des massifs et des hauts plateaux, c’est…..magique.

Il est 17h passés, le soleil se couche à 17h16. Autant vous dire qu’on a plutôt intérêt à passer la seconde pour se trouver un petit spot. Dans l’un des nombreux virages à la descente du col, on repère un chouette spot en renfoncement de la route. On hésite, on passe devant, on regarde la carte, on palabre pendant quelques virages et puis vu l’heure, on n’est pas super chaud pour se trouver un spot en pleine nuit alors c’est décidé : demi-tour afin d’y jeter un œil

En renfoncement de la route, à côté d’une table de pique-nique, de poubelles (rigolez pas mais c’est important, des fois on galère des jours pour trouver de quoi se débarrasser de nos ordures), le tout abrité par des arbres bien cachés dans le sein de la montagne.

Posés au chaud, avec pâté et bière, on fait un rapide calcul qu’il nous manque une journée pour remonter tranquillement, à notre rythme. C’est comme ça quand on ne sait pas trop où on va, on fait avec.

On graille tôt, on se couche tôt pour dès demain avaler un peu plus de bitume que prévu.

4 Commentaires
  • Flying Fox
    Posted at 12:52h, 20 mai Répondre

    Vivement la suite, ce récit est si doux, c’est un plaisir de découvrir votre trip dans le Vercors. Merci du partage !

    • retourdumonde
      Posted at 20:15h, 05 juin Répondre

      Merci beaucoup ! On prends un peu le temps pour tout publier, tout sortir, mais on a coeur de bien faire surtout sur cette région pleine de surprises.

  • Enguerrand
    Posted at 21:16h, 05 juin Répondre

    Une saveur particulière puisque je suis empêché d’amener mes enfants en Normandie pour ce 75ème anniversaire du débarquement, dernière occasion pour mes jeunes enfants de rencontrer des vétérans et d’ouvrir de façon plus concrète mes archives familiales… Sur une note beaucoup plus de type petite manette rouge, j’attends avec impatience le récit du dernier roadtrip à base de petite manette rouge de type petite manette rouge.

    • retourdumonde
      Posted at 10:02h, 06 juin Répondre

      Le Vercors est un bon prétexte de balade aussi bien visuelle qu’historique, ca mériterait d’y faire y dégourdir tes roues avec les gamins à l’arrière. La suite arrive et puis les autres articles et encore les autres. Patience petit papillon :p

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